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Phúc_44
L’Eglise fait de la croisade une démarche religieuse et exclut tout autre bénéfice pour le croisé que le seul bénéfice spirituel. Le décret de Clermont (promulgué en décembre 1095. Notez que ce n’est pas une réécriture tardive de chroniqueur) déclare :
"A celui qui s’en va à Jérusalem par dévotion seulement, et en ne recherchant ni l’honneur ni l’argent, pour libérer l’Eglise de Dieu, cette expédition sera comptée pour toute pénitence."
Le départ pour la Terre sainte doit, selon l’Eglise, symboliser la "rédemption" du chevalier qui est le premier ciblé par l’appel. L’Eglise demande au chevalier de renoncer à ses biens temporels (à l’exception de ses armes ce qui est une nouveauté) et de renoncer à la recherche du profit matériel qui d’ordinaire le caractérise. Il doit délaisser les cours des seigneurs où il avait pour habitude de rivaliser d’élégance avec ses pairs, de rechercher gloire et honneur et de s’enrichir, notamment en rançonnant les chevaliers qu’il capturait au cours de "guerres" et de tournois menés entre gens de bonne compagnie où sa vie était "protégée" par des codes de conduite chevaleresque. A la croisade ça ne rigole plus, on y risque vraiment sa vie et pas qu’au combat.
Le chevalier devait même aller jusqu’à renoncer à ses longs cheveux qui lui donnaient cette allure "efféminée" que l’Eglise voyait d’un mauvais œil. Mais qu’est-ce que des types en soutane connaissent à la mode ?
Partir ainsi pour la Terre sainte en renonçant à une "vie confortable" est un engagement fort de la part de ces hommes qui ont beaucoup à y perdre et révèle l’importance considérable qu’occupait la religion à cette époque. La crainte de la damnation éternelle que leur promet l’Eglise en représailles de leurs exactions les pousse à faire vœu de pèlerinage pour se libérer de leurs fautes. A cette époque, l’Eglise profitait de la crainte qu'inspirait l’enfer aux chevaliers pour qui tuer était monnaie courante.
Donc contrairement à ce que vous croyiez, ils ne partaient absolument pas "avec la ferme volonté d’en découdre avec la population locale" (dont ils ne savaient rien et dont une partie était chrétienne) mais avec l’état d’esprit d’un pèlerin qui part en Terre sainte se laver de ses péchés. .