La Grande évasion
Tome 5. Diên Biên Phu
• Éditeur : Delcourt
• Scénario : Thierry GLORIS
• Dessin : Erwan LE SAËC
• Série : La grande évasion
• Collection : CONQUISTADOR
• Format : 320x230
• Pages : 72 pages
• Sortie : 17 avril 2013
• Prix : 16 € 95
• ISBN : 978-2-7560-2612-1
Résumé de l’épisode :
1954. Au moment où la défaite paraît inéluctable pour le corps expéditionnaire français encerclé par le Viêt-Minh à Diên-Biên-Phu, quelques rescapés des troupes d’élite assiégées refusent ce constat d’échec. Plus réalistes ou plus fous que les autres, ces têtes-brûlées décident de s’échapper et d’opérer une percée à travers les lignes ennemies pour une mission dont la seule issue sera la vie ou la mort...
Décryptage :
Novembre 1953, les troupes de l’armée française sont en place à Diên-Biên-Phu (district du nord Viêt-Nam dans la province de Dien-Biên dans le haut Tonkin, merci wiki) et sont en guerre contre les Viêt-Minh. Les affrontements sont violents et de plus en plus rapprochés. Les français se retrouvent retranchés, isolés et entourés. L’issue de cette bataille semble jouée d’avance.
Ici, on ne rentre pas dans les comment ni les pourquoi de la guerre, ici il est question de suivre ces jeunes soldats français, coloniaux ou locaux qui sont là pour faire la guerre à une peuplade étrange et inconnue pour eux. Le récit raconte les événements de la vie de ces soldats, plongés dans ce conflit qui les dépasse. Il est alors question de haine, de racisme, d’incompréhension, de tensions, de violence mais surtout de gens perdus et véritablement dépassés par ce qui leur arrive.
La guerre ici y est présentée par plusieurs biais, Rachid le soldat des troupes coloniale qui nous raconte la guerre à travers les lettres qu’il envoie à sa femme et puis Bruno le jeune bleu qui découvre la vie avec l’armée et enfin la jeune prostitué vietnamienne. L’évasion de ce tome peut être lu à plusieurs niveaux, l’évasion de l’esprit pour ces hommes que ce soit par le biais du courrier envoyé à sa famille ou alors par la découverte de l’amour avec une jeune fille locale. Mais il s’agit aussi de s’évader de ce cul-de-sac qui causera la mort de milliers de soldats, traverser les lignes ennemies sans se faire prendre et sans prendre une balle. La tâche sera ardue, le but étant de survivre et de s’extirper de cet enfer.
La BD montre la détermination, la camaraderie et le courage de ces frères d’armes mais aussi et surtout la débâcle de l’armée française, l’abandon de l’état-major français à Hanoï jusqu’à la toute fin, le 7 mai 1954, la fin de la bataille de Diên Biên Phu qui marqua la fin de la guerre d’Indochine. Inventés de toute part, ces personnages hauts en couleurs auraient eu leur place dans les tranchés du fin fond du nord Viêt-Nam. Ils apportent une certaine candeur ainsi qu’une fraîcheur au dessin et à l’histoire comme cette prostituée qui se prend d’affection pour le jeune soldat puceau. Le dessinateur illustre à merveille l’ambiance pesante avec un réalisme mêlé à un certain classicisme dans son trait.
Déjà le 5ème volet de cette étonnante série qu’est "La grande évasion". Elle reste une BD très adulte et très ancrée dans un pan de l’histoire souvent uniquement représenté par les héroïques américains qui se sont tout autant embourbés dans ce pays juste après les français. Faisant partie des meilleurs épisodes de la série, c’est ici un récit bouleversant, qui porte une charge émotionnelle toute particulière surtout au final lorsque l’on connait le sort que subiront les derniers soldats en place à la fin du conflit. Prisonniers de guerres maltraités, une grande majorité ne rentrera jamais au pays. Diên-Biên-Phu reste une bataille des plus meurtrière post seconde guerre mondiale, au 20ème siècle. 3.500 hommes de l’union française périrent lors des affrontements, 9.500 furent faits prisonniers et seulement 300 reviendront (chiffres de l’auteur). Une boucherie que l’auteur n’hésite pas à comparer à Verdun. Un bilan humain et moral bien inquiétant.