Le premier ministre vietnamien au Vatican dans l'espoir de normaliser leurs relations
LE MONDE | 25.01.07 | 14h52 • Mis à jour le 25.01.07 | 15h58
BANGKOK CORRESPONDANT
e chef du gouvernement vietnamien, Nguyen Tan Dung, était, jeudi 25 janvier, le premier haut dirigeant de Hanoï, régime encore nominalement communiste, reçu en audience au Vatican. Benoît XVI et le premier ministre vietnamien devaient envisager l'établissement de relations diplomatiques entre le Vatican et Hanoï, selon l'agence Asia News, un organe de presse lié au Saint-Siège. M. Dung effectue cette visite dans le cadre d'une tournée européenne qui le conduit également au Forum économique mondial de Davos.
La perspective de relations diplomatiques constitue un progrès notable dans l'intégration internationale pour un pays qui figurait encore, il y a peu, sur la liste américaine des pays posant "problème" en matière de libertés religieuses. Washington en a retiré le Vietnam en novembre 2006, au moment où Hanoï devenait le 150e membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
2 600 PRÊTRES
Le sort des catholiques vietnamiens - la plus forte communauté de fidèles de Rome en Asie après les Philippines avec 5,6 millions de membres, soit 7 % de la population - s'est amélioré au cours des dernières années. Lors de la victoire communiste de 1975 et la réunification du pays, Hanoï avait ordonné la fermeture de nombreux lieux de culte et séminaires, catholiques et autres. Des religieux furent envoyés en camps de travaux forcés. Aujourd'hui, l'Eglise catholique vietnamienne compte 2 600 prêtres - dûment certifiés par le pouvoir - qui circulent à travers le pays sans difficulté, et ses rangs vont en grossissant.
Le rapprochement avec le Vatican a connu des étapes significatives. L'ex-préfet de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, le cardinal Crescenzio Sepe (devenu depuis archevêque de Naples), s'est rendu à Hanoï en novembre 2005 et y a présidé l'ordination, dans la cathédrale, de 57 prêtres, après l'autorisation donnée par le gouvernement à la création d'un nouveau diocèse dans le Nord. Il y avait rencontré un vice-premier ministre. A la mort de Jean Paul II, en avril 2005, le Vatican avait noté l'installation d'un écran vidéo géant devant la cathédrale de Hanoï pour permettre aux fidèles de suivre les funérailles.
Le cardinal Jean-Baptiste Pham Minh Man, archevêque d'Ho Chi Minh-Ville, s'est entretenu en novembre 2006 avec le président Nguyen Minh Triet, chef de l'Etat, et en a rapporté "la promesse que le gouvernement entendait satisfaire graduellement" les demandes de l'Eglise en matière de droits et libertés de pratique et d'oeuvres charitables et sociales. L'établissement de liens diplomatiques "ne devrait plus rencontrer d'obstacle", a-t-il déclaré à Asia News. Selon l'ancien supérieur franciscain du Vietnam, Guy-Marie Nguyen Hong Giao, cité par CathNews, agence catholique d'origine australienne, Hanoï en attend "non pas des retombées économiques ou politiques directes", mais une "reconnaissance accrue de son statut international".
Francis Deron
"Un pas nouveau et important"
L'entretien à huis-clos entre le premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung et le pape Benoît XVI a duré 25 minutes. Selon un communiqué du Vatican, les propos ont porté "sur les problèmes qui subsistent, dont on espère qu'ils seront discutés et résolus à travers les canaux de dialogue existants". Selon le Saint-Siège, la rencontre marque "un pas nouveau et important vers la normalisation des relations bilatérales". Il s'est par ailleurs réjoui de l'amélioration des relations entre les deux pays, qui ouvre "de plus grands espaces de liberté religieuse pour l'Eglise catholique". (Avec AFP)
Article paru dans l'édition du 26.01.07