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Le Monde
La Cour d'assises de Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) a acquitté mardi cinq jeunes Russes accusés d'avoir tué en octobre 2004 un étudiant vietnamien de trente-sept coups de couteau, a annoncé à l'AFP un responsable du tribunal.
"Selon le verdict de la Cour d'assises, le parquet n'a pas réussi à prouver la culpabilité de 17 jeunes gens qui ont été mis en cause dans cette affaire, dont cinq qui étaient accusés du meurtre d'un étudiant vietnamien", a indiqué Elena Petrova, porte-parole du tribunal.
Le parquet de Saint-Pétersbourg a indiqué qu'il pourrait faire appel du verdict.
"La culpabilité des personnes inculpées pour meurtre a été prouvée par de nombreux documents pendant les audiences", a déclaré un porte-parole du parquet cité par Interfax.
Le meurtre d'un étudiant vietnamien de 37 coups de couteau, en plein centre de Saint-Pétersbourg, avait provoqué une vive émotion en Russie.
Les défenseurs des droits de l'Homme ont averti que l'aquittement prononcé par les jurés pourrait provoquer une augmentation des crimes racistes en Russie.
"Si parmi les personnes acquittées se trouvent des responsables du meurtre (de l') étudiant vietnamien et qu'ils sont libérés, cela encouragera fortement les skinheads", a déclaré Galina Kojevnikova du centre Sova.
"Les acquittements et les verdicts peu sévères pour des crimes à caractère raciste sont un véritable problème en Russie (...) Une explication à cela pourrait être que les jurés et le système judiciaires ont eux-aussi des préjugés xénophobes", a ajouté Mme Kojevnikova.
En mars dernier, la Cour d'assises de Saint-Pétersbourg s'était refusée à retenir la qualification de meurtre et de "crime raciste" pour les sept adolescents qui étaient accusés d'avoir tué une fillette tadjike, âgée de 9 ans, en février 2004.
A l'époque, le tribunal avait indiqué ne pas avoir pu déterminer exactement les responsabilités.
Les attaques contre les étrangers se sont multipliées à Saint-Pétersbourg et dans toute la Russie, mais la police et la justice russes reconnaissent rarement leur caractère raciste.