A nos vingt ans de Huy-Thiêp Nguyên
Paru le : 11/02/2005
Editeur : AUBE (EDITIONS DE L')
J'aimerai vous présenter ce livre qu'un membre m'a gentiment offert (merci à lui ) que je suis en train de lire...
Nguyên Huy Thiêp nous fait partager son regard assez réaliste sur la société vietnamienne d'aujourd'hui, confrontant les valeurs traditionnelles et modernes dans le regard d'un jeune vietnamien joué par Khuê..Saisissant, surprenant..Pour l'instant, c'est que du bonheur..
Juste un conseil : allez vite l'acheter..
Résumé de A nos vingt ans
" Je m'appelle Khuê. J'ai vingt ans cette année et je vais vous dire franchement : personne ne capte rien. Tenez, ma famille, par exemple. J'ai un père, une mère et un grand frère qui sont cons comme leurs pieds. Non, mes parents ne sont pas cons, simplement des gens normaux, voire des parents qui ont réussi dans la vie. [...] Mon père est un écrivain célèbre qui, il fut un temps, a été la coqueluche des jeunes générations.
Il a toujours su garder l'honneur sauf, j'en suis pas peu fier et lui sais gré de n'avoir jamais rampé devant personne. " D'emblée les personnages et leur histoire sont campés : un père et un fils s'aiment et se déchirent. Heureusement, grâce à la sagesse des adultes - celle qu'il fuit ! - le jeune homme révolté comprendra vite l'inanité, pour ne pas dire le danger, véhiculés par la nouvelle donne d'une prétendue modernité. " "Une espèce de tristesse angoissée m'étreint.
Alors, en Amérique aussi, l'existence n'est pas si peinarde que ça ?" se demande le narrateur. Faillite des anciennes valeurs, des valeurs nouvelles qui n'en sont guère. Pas facile d'être jeune au Viêt Nam. À nos vingt ans se lit comme un conte initiatique - un conte pour grandir, "devenir homme". Avec ce premier roman, Nguyên Huy Thiêp a voulu écrire, sous des allures picaresques, une exhortation à l'espoir.
Ne pas se lasser de la Terre, regarder aussi vers le bleu du ciel où flottent toujours les cerfs-volants de l'enfance. " (Sean James Rose.)
- La présentation de l'éditeur
Nguyên Huy Thiêp, considéré comme le plus grand écrivain du Viêt-nam tant par ses compatriotes que par les critiques, vit à Hanoi où il est né en 1950. Aujourd'hui, c'est dans l'art que l'homme peut exprimer sa liberté, surtout dans un régime totalitaire. Et l'oeuvre de Thiêp, dans toute son expression, est l'illustration même de cette conviction. Il a décidé de ne plus faire que ce qu'il aime : écriture, peinture, sculpture, céramique. Sont déjà publiés, aux éditions de l'Aube : Un général à la retraite, Le coeur du tigre, La vengeance du loup, Conte d'amour un soir de pluie, Une petite source douce et tranquille, l'Or et le feu.
Après 5 recueils de nouvelles et 2 pièces de théâtre, Thiêp nous propose ici son premier roman, à la fois très fort et émouvant. En effet, écrit à la première personne, il ressemble à un double cri : celui d'un adolescent qui hurle sa révolte et son mal être et celui d'un père démuni et inquiet.
"Je m'appelle Khuê. J'ai vingt ans cette année. Et je vais vous dire franchement : personne ne capte rien. Tenez, ma famille, par exemple. J'ai un père, une mère et un grand frère qui sont cons comme leurs pieds. Non, mes parents ne sont pas cons, simplement des parents normaux, voire des parents qui ont réussi dans la vie. [...] Moi, je suis un cas à part. Je vous dirai de but en blanc que des connaissances, j'en ai zéro [...]. Je me demande bien comment j'ai pu faire des études secondaires, passer mon bac et entrer en fac. Même si mes parents ont pratiqué un peu de magie blanche dans les coulisses, cette magie n'a pas donné grand-chose. Mon père est un écrivain célèbre qui, il fut un temps, a été la coqueluche des jeunes générations. Il a toujours su garder l'honneur sauf, j'en suis pas peu fier et lui sais gré de n'avoir jamais rampé devant personne. [...]"
D'emblée les personnages et leur histoire sont campés : un père et un fils s'aiment et se déchirent, le fils partant dans une dérive que le père ne peut plus contrôler, sauf peut-être encore par le biais de l'écriture. Un roman terriblement contemporain et pourtant universel, qui confirme, si besoin est, que Thiêp est un immense écrivain.
Critiques presses :... «Le plus jeune de mes deux fils a plongé dans la drogue au moment où il est entré à l'université. Comme il n'arrivait pas à s'en sortir, j'ai décidé de m'isoler avec lui pendant trois mois sur la petite île de Cat Ba, dans le golfe du Tonkin. Un ami m'avait prêté une baraque sur un petit terrain. Ce fut une bonne période entre mon fils et moi...» Nguyên Huy Thiêp décide de faire un livre de cette expérience, au moment même où il la vit, fin 2002. Et pour pousser plus loin encore cette thérapie littéraire, il se glisse dans la peau de son propre fils, et écrit A nos vingt ans à travers le regard de ce dernier.
- La revue de presse Thierry Leclère - Télérama du 9 février 2005
Le roman oscille ainsi entre un autoportrait savoureux (ce père qui «ne capte rien» est aussi un écrivain célèbre qui, naguère, fut la coqueluche de la jeune génération. Un homme intègre qui n'a jamais rampé devant personne.... et une fresque sombre de la jeunesse vietnamienne, individualiste, matérialiste, tourneboulée par une société qui bouscule brutalement les valeurs traditionnelles... Il est pessimiste, aussi, sur le Vietnam qu'il décrit, avec force exemples, ravagé par la drogue et la prostitution... Cette vision noirissime de la société n'a pas plu, on s'en doute, aux autorités vietnamiennes, qui, selon leur technique habituelle de censure a posteriori, ont laissé l'éditeur imprimer le livre... avant de l'interdire à la distribution...Khiê a 20 ans. Dans sa vie, il a un père, écrivain à la grande notoriété et à l'«expérience de vieux con», une mère à la «dévotion de serpillière» et un frère qui passe des heures à chatter sur le Net avec des filles qui se révèlent être «des mochetés qui arborent le foulard rouge des jeunesses communistes». «Ils me font tous vomir», dit logiquement Khiê qui est en principe étudiant, mais préfère traîner avec des apprentis voyous, aller à l'Aquaparc mater les filles des nouveaux riches,... Le dernier livre de Nguyên Huy Thiêp, et son premier roman (il n'avait publié que des nouvelles et du théâtre), est une description sociologique de la jeunesse de Hanoï, fascinée par les merveilles du capitalisme triomphant. C'est aussi un récit très autobiographique. L'histoire du jeune Khiê est largement celle de son fils cadet, aujourd'hui âgé de 22 ans, et de sa plongée dans l'héroïne... Né en 1950 à Hanoï, Thiêp est un des écrivains vietnamiens les plus connus. Longtemps considéré comme le porte-parole d'une génération qui a grandi dans la guerre, il était devenu célèbre quasi instantanément en 1987 avec la publication d'Un général à la retraite, une nouvelle qui décrivait l'accablement d'un vieil homme face au matérialisme et au cynisme de la nouvelle société socialiste...
- La revue de presse Natalie Levisalles - Libération du 3 mars 2005
Ce roman a été écrit dans des circonstances très particulières. Quand Thiêp a compris que son fils était devenu toxicomane, il a décidé de s'occuper lui-même de son sevrage et l'a emmené dans l'île de Cát Bà... Il y a quelques années, parlant de son pays, Thiêp disait : «Je n'attaque pas la société actuelle, je constate ce qu'elle est, je regrette ce qu'elle n'est pas.» Aujourd'hui, il dit : «Ces quinze dernières années ont vu des changements radicaux : les famines ont disparu, les gens peuvent apprendre, nous avons découvert les loisirs, la technologie, l'Internet, le Vietnam s'est ouvert sur le monde. Mais ce développement trop rapide a des conséquences terrifiantes : la tradition familiale et culturelle a été détruite.»...C'est l'histoire d'un gamin aux poches percées qui n'a pas d'idéal... le héros d'«A nos vingt ans» n'a pas pour muse la poésie, mais une prostituée de Hanoi et quelques grammes d'héroïne... Ecrit en un mois pour tenter d'oublier les crises de manque de son fils toxicomane, c'est le premier roman du nouvelliste vietnamien Nguyên Huy Thiêp. A l'heure où l'on fête le 30e anniversaire de la chute de Saigon, cette confession offre un éclairage inédit sur l'état d'un pays qui, écartelé entre communisme doctrinal et libéralisme économique, promeut Britney Spears mais refuse toujours de publier ce roman pourtant beaucoup moins «toxic».
- La revue de presse Christophe Ono-dit-Biot - Le Point du 21 avril 2005