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Discussion: les septs émotions humaines

  1. #1
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Ti Ngoc
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    Par défaut les septs émotions humaines

    Pour et contre les sept émotions humaines

    ( article du Courrier du Vietnam
    29/06/2013 13:34)


    Dans le Vietnam traditionnel, la vie spirituelle est un amalgame, souvent un compromis de croyances populaires et de religions établies, ce qui explique l’absence de guerres de religion dans notre histoire plurimillénaire
    Les deux religions dominantes sont le confucianisme régissant la vie communautaire et le bouddhisme, la vie individuelle. Elles coexistent pacifiquement, souvent se complétant, mais parfois non sans heurts parce que la philosophie de l’engagement social confucéen est à l’opposé de l’idéologie du détachement bouddhiste. Nous pouvons citer comme exemple de cette opposition un dialogue du tuông (théâtre classique) Sai vai (Dialogue entre un moine et une moniale bouddhiques, XVIIIe siècle).

    L’auteur de cette œuvre est Nguyên Cu Trinh (1716-1767), lettré érudit, administrateur compétant et grand chef de guerre. Vivant dans la période de sécession du pays, il sert les seigneurs Nguyên dans le Sud Vietnam. En bon confucéen, il ne peut admettre qu’on se dérobe aux obligations sociales. Dans cette œuvre, il critique un dogme bouddhique, le renoncement aux sept émotions pour atteindre la délivrance.

    L’œuvre Sai vai (Dialogue entre un moine et une moniale bouddhiques), écrite en 1750, est longue de 640 phrases. Photo : CTV/CVN

    Les sept émotions de l’homme

    Ces sept émotions sont le plaisir, la joie, la colère, la tristesse, l’amour, la haine, le désir. Jouant au pince-sans-rire, il fait semblant de blâmer ces sentiments humains pour en faire l’éloge, ajoutant à son jugement un brin de badinage érotique.

    Ci-dessous des extraits du texte :
    Le moine :
    Je ne pense guère aux honneurs
    J’ai peur que les sept émotions (1)
    Ne deviennent néfastes si, à l’intérieur, elles s’écartent de la voie droite,
    Et que leurs manifestations extérieures déréglées ne brisent la vertu.
    Je me consacre entièrement à la religion,
    Mais j’ai le défaut d’y trouver toujours du plaisir.
    Je me réjouis de la vaste terre
    Et du ciel immense,
    Des eaux et des montagnes à perte de vue vertes et bleues,
    De la lune limpide et du vent frais.
    Dans l’espace infini des Trois mille mondes (2), je me réjouis de ce monde terrestre gros comme une gourde,
    Délivré des «six voies» (3), je me réjouis d’avoir pénétré les «trois domaines» (4)
    Grimpant au mont Bông Lai (5), je partage la joie des Huit Immortels
    Gravissant la chaîne Thuong, je me réjouis avec les Quatre vieillards (6)
    La Vertu d’humanité et la Voie me trouvent du plaisir,
    Comme les relations avec les saints et les sages,

    Et aussi le son de cloche qui presse le voyageur à reculer sa barque,
    Ou la sandale, devenant bateau emporté par le vent (7)
    M’évadant du monde profane, je me réjouis en voguant sur la barque de l’Entendement (8)
    Me lavant de la poussière, je plonge avec joie dans l’eau du Gange (9)
    Je me réjouis de la doctrine de Bouddha, tout imprégnée de l’amour de l’être humain,
    Et du cœur des Bodhisavas (10), toujours prêt à sauver les foules
    Ma joie est simple : Une cruche, un bol (11)
    être un bonze servi par un jeune enfant.
    Mais pour disserter à satiété de la joie,

    Les sept émotions humaines sont le plaisir, la joie, la colère, la tristesse, l’amour, la haine, le désir. Photo : CTV/CVN

    Rien ne vaut de la partager avec vous, n’est-ce pas bonzesse ?
    J’ai cet autre défaut indéniable :
    De souvent aimer et compatir
    J’aime les Trois Rois (12) et les Cinq Empereurs (13)
    Leur piété filiale et leur respect envers les aînés,
    Leurs vertus et leurs talents,
    J’aime l’empereur Nghiêu (13) avec sa veste en toile grossière et son pantalon en fil de chanvre,
    L’empereur Thuân (13) labourant sous les nuages, bêchant au clair de luneSWWW
    … Et Confucius, sage parmi les sages, mais que le malheur n’épargne point.

    Les nuits d’hiver, je plains le fils couché sur la rivière gelée ou pleurant sur de vieux bambous (14)
    Sur la frontière du Nord, je compatis avec l’homme qui faisait paître les chèvres et se désaltérait avec la neige (15).
    La compassion colle à mon cœur,
    Profonde, au suprême degré !
    Je compatis avec les quatre coins du monde,
    Mieux vaut compatir en premier avec vous, n’est-ce pas, bonzesse ?

    Cependant je crains une chose,
    J’ai le défaut de m’irriter longuement,
    Mon irritation est légitime et non sans fondement,
    Elle est sincère, et non simulée
    Je m’irrite de cumuler fautes et erreurs,
    Chaque faute commise me met dans une colère sans fin,
    Je m’irrite d’avoir peu de vertu et de talent
    Vertu, talent, j’enrage d’y penser,

    Je me fâche de mon incapacité politique,
    De mon ignorance en art militaire
    Je me reproche de n’avoir servi mon roi avec toute la loyauté désirable,
    De n’avoir pu m’acquitter de ma dette envers mes parents
    Quand je pense au monde des hommes,
    La colère me saisit
    À scruter le passé et le présent,
    Ma colère redouble.

    … Et je me fatigue à couver une colère sans fin.
    Encore un autre point :
    J’ai le défaut d’être enclin à l’amour.
    Je n’aime point les orgueilleux,
    Mais seulement les gens loyaux et droits.
    À vrai dire, selon la nature humaine,
    On doit d’abord aimer soi-même.
    La raison, la vertu d’humanité aidant,
    On finit par aimer tous les êtres.

    Je nourris un amour profond pour les hommes vertueux
    Un amour ardent, à l’égard des hommes sincères.
    J’aime les hommes généreux à l’âme magnanime,
    Et les hommes de bien au cœur plein de droiture.
    … Quand le froid sévit, j’aime les pins et cyprès, solides et verts.
    Sur les longues routes, j’aime les chevaux de race au galop rapide et sûr.
    J’aime les fils pieux autant que l’or et le jade,
    Les sujets loyaux, autant que perles et pierres précieuses.
    À parler des voies à suivre, j’aime la Voie du Juste milieu,
    À parler des cœurs, j’aime les cœurs épris d’humanité et de justice.


    L’œuvre Sai vai a été traduite en français par A.Chéon en 1886.
    Photo : CTV/CVN

    Quant à aimer des futilités, pourquoi ne pas vous aimer d’abord, n’est ce pas bonzesse ?
    Le moine :
    Encore une sottise :
    Une haine tenace nourrie en moi-même,
    Tout le contraire de l’indifférence,
    Un véritable plaisir à haïr
    Je hais les tyrans Kiêt, Tru, Le, U (16)
    Ceux qui ne cultivent pas l’humanité et la droiture,
    Ceux qui rejettent les vertus cardinales
    Implacable est ma haine à l’égard des fils ingrats, des sujets déloyaux,
    Inexorable est ma haine contre les félons et les méchants invétérés.
    Une haine étrange, une haine farouche.

    Je déteste celui qui remue ciel et terre à la recherche du gain, celui qui suppute pertes et profits devant le devoir à accomplir,
    Les égoïstes qui cherchent à nuire aux autres,
    Les femmes adultères, les hommes lubriques, les avares et les menteurs.
    Voilà ma haine contre les agissements humains, passé et présent compris
    Mais comment dire celle que j’éprouve pour vous, bonzesse, si indifférente à mon égard !

    J’ai encore cet autre défaut incorrigible :
    Je désire beaucoup de choses :
    Qu’en haut, l’on égale en vertu les empereurs Thuân et Nghiêu (17)
    Qu’en bas, tous aient les talents de Y et de Lu (18)
    Que les rapports entre père et enfants soient empreints de clémence et de piété,
    Que le précepte d’obéissance régisse les relations entre mari et femme
    Qu’entre frères, l’on se voue respect et affection,
    Qu’entre amis, fidélité et sincérité.

    Je désire servir le Pays, mais le sort ne s’y prête pas
    Je désire sauver le peuple, mais les temps sont difficiles,
    Je veux comme l’oiseau Tinh vê colporter caillou par caillou pour combler l’océan (19)
    Comme la fourmi, charrier des grains de sable pour élever des montagnes.
    Mais pour que tout selon mes vœux s’arrondisse,
    Ne vaut-il pas mieux avec vous pratiquer la religion, n’est-ce pas, bonzesse ?
    À bien réfléchir,

    J’ai encore un défaut : avoir peur de bien des choses
    Quach Khai habitué à forger des faussetés me fait peur
    Peur éphémère ou durable,
    Peur fondée ou non,
    Le sampan de Truong, sur terrain sec, avait toujours peur des flots débordant les rivages (20)
    Dans sa petite principauté Ky, l’habitant craignait que le Ciel en tombant n’écrase sa maison (21)
    Qui conduit l’État doit être vigilant comme s’il marchait sur une mince couche de glace (22)
    La femme, frêle et fragile, ne doit point s’aventurer sur les sentiers trempés de rosée (23)

    Le mandarin Duong de Quan Tay craignait quatre témoins de son acte (24)
    Le maître Không nous apprend à craindre trois choses
    J’ai peur que le fouet trop court ne puisse pousser le cheval au galop.
    Que la cloison clairsemée ne laisse entrer le brouillard.
    le miel est bon, mais j’ai peur que les mouches avides ne tombent dans le piège,
    Les fleurs ne distillent pas de poison, mais j’ai peur que les papillons n’en perdent leurs esprits.

    La peur m’égare, la peur me saisit, la peur m’étourdit.
    J’ai peur de ne point remplir tous mes devoirs de religion
    Et sur mon chemin de vous brusquer, bonzesse !
    Il me tarde d’aborder la rive de la Connaissance
    Les sept passions et les cinq secrets (25) me ligotent encore.
    On n’en finira point,
    À discuter du passé et du présent.
    Proférons quelques paroles de dépit, simplement pour nous distraire.

    La moniale :
    Je vous écoute, frère, et réflexion faite,
    Je vous félicite, ô bonze, de votre érudition,
    De votre talent, de votre intelligence.
    Vos paroles ont les parfums de celles des Saints et des Sages,
    Votre discours est plein de logique et de beauté.
    Vous n’êtes point un homme ordinaire,
    Mais témoignez d’une connaissance approfondie des êtres.
    Cependant, à la pagode Loi Âm (26) l’ascèse reste obligatoire pour qui veut devenir bouddha,

    Tout comme au mont Thiên Thai (27) faut un destin de félicité pour prendre place chez les Immortels.
    Connaissez-vous, ô Bonze, la voie conduisant au Ciel de l’Ouest (28)
    Guidez-moi, pour que matin et soir, nous la suivions ensemble.

    Le moine :
    Doucement, ô sœur cruelle,
    Arrêtez là votre malice.
    Une immensité nous sépare du paradis céleste,
    Le chemin est bien long jusqu’au séjour de Bouddha.
    Aucune route ne conduit aux régions de l’Ouest (29)
    La voie du Nord reste bloquée.
    Seul le Sud nous est tout proche,

    Mais les Da Vach sont à redouter sur le trajet.
    Oh, rien qu’à y songer,
    On est saisi de frayeur,
    Ils tuent les hommes comme des insectes ; ils sont aussi dangereux que scorpions et vipères.
    … Restons ici, pratiquons ensemble la religion,
    En nous aidant l’un et l’autre.
    Ne vous hasardez point en ces parages.
    Ils vous attraperont, ô sœur !
    Et je serai seul, bien seul !

    La moniale :
    Il est dit dans les livres canoniques :
    «Les barbares doivent être chassés».
    Ceux qui ont la mission de gouverner le pays
    Doivent les mater pour éviter les troubles futurs
    Soyons résolus à suivre la voie.
    ô frère, si vous le voulez, restez ici,
    Moi, je pars pour l’Ouest, cherchant le Paradis.
    Au Seigneur Nguyên, Je souhaite dix mille ans de longévité.
    Jour après jour, je salue Bouddha,
    Ces paroles sacrées me suffisent, les autres me sont étrangères.


    Huu Ngoc/CVN
    1. Les sept passions (le plaisir, la joie, la colère, la tristesse, l’amour, la haine et le désir).
    2. Terme bouddhique pour désigner l’univers, l’infini.
    3. Luc dao : Six transmigrations des âmes après la mort (ascension au paradis, descente dans l’enfer, résurrection sous forme humaine, sous forme animale, etc…)
    4. Tam gioi : Désir, Apparence, Vide (domaine de celui qui a atteint à la Perfection, s’étant affranchi du désir et de l’apparence.
    5. Montagne où séjournent les Immortels.
    6. Quatre vieillards vertueux de la dynastie de Han.
    7. On raconte qu’après sa mort, le bonze Dat Ma traversa l’océan sur une sandale à voile pour gagner le Pays de l’Ouest (pays de Bouddha).
    8. Bat nha : Prajna (sino-vietnamien : tuê, tri tuê) ; entendement, intelligence, connaissance, sagesse. Troisième principe de la discipline bouddhique et une des six Vertus exigées par le Mahayana.
    9. Ma ha : Le Gange dont l’eau purificatrice laverait tous les péchés.
    10. Bô Tat : désigne celui qui va devenir Bouddha. Étant sur le chemin de la Perfection, il n’est pas encore parvenu au stade du «bodhi» (éveil à la connaissance suprême ou à l’Illumination supérieure qui permet de revoir toutes ses existences antérieures et de reconnaître que la cause de la douleur est la Renaissance). Grâce au «bodhi», Bouddha découvrit l’enchaînement des causes et des effets (Karma) et se libéra de la transmigration (Sansara).
    11. La population remplit d’eau et de riz les cruches et les bols que les bonzes déposent au bord de la route.
    12. Tam Hoàng : Trois rois saints de la période légendaire chinoise (Thiên Hoàng (roi du Ciel), Dia Hoàng (roi de la Terre), Nhân Hoàng (roi des Hommes).
    13. Ngu dê : Cinq empereurs saints de la période légendaire chinoise, succédant aux Trois rois saints (Phuc Hi, Thân Nông ; Hoàng Dê, Dê Nghiêu, Dê Thuân).
    14. Allusion à deux exemples de piété filiale dans l’ancienne Chine : Vuong Tuong (dynastie des Tsin) se coucha sur la glace pour attendre le dégel et prendre des poissons dont sa mère était friande, Manh Tong (période des Trois Royaumes), embrassa en hiver le tronc d’un bambou pour attendre l’apparition des pousses que sa mère aimait manger.
    15. To Vu de la dynastie des Han, envoyé en mission chez les Hung ; fut exilé dans la montagne.
    (16) Tyrans de l’antiquité chinoise
    (17) Sages empereurs de l’Âge d’or chinois
    (18) Y : Y Doan aida Thanh Thang à fonder la dynastie des Thuong (Chang- XVIe- XIe siècle av. J-C.), Lu : Lu Vong aida Vo Vuong à fonder la dynastie des Chu (Tcheou : XIe-IIIe siècle, av. J-C.)
    (19) La fille de l’empereur Viêm Dê, noyée se changea en oiseau Tinh vê qui jetait chaque jour des pierres dans la mer pour essayer de la combler
    (20) Truong Khiên (dynastie des Han) envoyé en mission chez les Hung-nô
    (21) Un habitant de Ky craignait que le ciel n’écrase sa maison au lieu de craindre que sa petite principauté ne soit envahie par les grandes principautés
    (22) Allusion à un vers du Livre des Odes
    (23) Allusion à un vers du Livre des Odes
    (24) Pendant la nuit, Vuong Mat vint chez son bienfaiteur Duong Chan (de Quan Tay) pour le remercier et lui donner des cadeaux, prétendant que personne ne serait au courant de sa visite. Duong n’accepta pas les offrandes parce que, disait-il, «il y a quatre témoins : le Ciel, le Génie, vous et moi».
    (25) Nam mang : Autre interprétation : des sept passions, je porte encore avec moi cinq.
    (26) Au pays de Bouddha.
    (27) Séjour des Immortels.
    (28) Thiên Truc, pays de Bouddha.
    (29) Thiên Truc, pays de Bouddha.



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  3. #2
    Passionné du Việt Nam Avatar de Dông Phong
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    Citation Envoyé par Ti Ngoc Voir le message
    Pour et contre les sept émotions humaines

    ( article du Courrier du Vietnam
    29/06/2013 13:34)

    ...

    Les deux religions dominantes sont le confucianisme régissant la vie communautaire et le bouddhisme, la vie individuelle.

    ...

    Bonjour Ti Ngoc et TLM,
    Permettez-moi de faire une correction.
    Non, le confucianisme n’est pas une religion, comme c’est souvent écrit dans la littérature occidentale.
    Cette attribution provient d’une erreur de compréhension des missionnaires européens des 16ème – 17ème siècles en Chine et au Viêt Nam, qui ont traduit « tam giáo » (三敎) par les « trois religions » (confucianisme, bouddhisme et taoïsme).
    En réalité « tam giáo » signifie « les trois doctrines (qui éduquent) ».
    Le confucianisme n’est pas une religion comme le bouddhisme.
    C’est une doctrine laïque de morale individuelle, familiale et civique.
    D’ailleurs, on connaît le célèbre aphorisme de Confucius

    Vụ dân chi nghĩa
    Kính quỷ thần
    Nhi viễn chi

    Traduction :

    Je remplis mes devoirs d’homme
    Respecte les dieux et les esprits
    Mais je me tiens à distance

    (Confucius, Entretiens, Livre III, Chap. VI).

    Mais la confusion provenait aussi de l’existence des « Temples de Confucius » ou « Temples de la Littérature » (Văn Miếu) qu’on voit encore dans de nombreuses localités en Chine et au Viêt Nam. On y vénère Confucius non pas comme une divinité, mais comme « Chí thánh Tiên sư » (Le très saint Maître fondateur). Or le culte des tiên sư ou Maîtres fondateurs des métiers est un « culte laïc » (peut-être un contresens, mais je ne trouve pas d’autres expressions).
    Cordialement.
    Dông Phong


    Dernière modification par Dông Phong ; 02/07/2013 à 09h57.
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  4. #3
    Passionné du Việt Nam Avatar de dannyboy
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    On pourrait aussi dire que le bouddhisme n’est pas une religion mais une philosophie de vie. Car non seulement il n’y a aucune obligation de vénérer le Bouddha mais tout le monde a la capacité de devenir Bouddha s’il suit bien la Voie.

    Je ne suis pas d’accord non plus quand les gens disent que le bouddhisme exclue l’engagement social. Pour moi il n’y a pas de contradiction, on peut tout à fait se détacher de ses émotions tout en gardant les sentiments et donner libre cours à l’engagement social.
    Dernière modification par dannyboy ; 02/07/2013 à 10h38.

  5. #4
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Ti Ngoc
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    Bonjour Anh Dong Phong, dannyboy et TLM,

    @Dong Phong, merci d'avoir "rectifié" à propos du confucianisme

    @dannyboy:
    je ne suis pas d'accord avec vous,
    une philosophie est un système de pensée
    une religion est un système de croyance
    si le bouddhisme est considéré en Occident comme une philosophie, pour les gens pratiquant le bouddhisme notamment dans les pays d'Asie, le bouddhisme est bel et bien une religion de par le fait:
    que dans la pratique, les bouddhistes suivent des rituels (ex accompagnement d'un mort,
    autre ex "baptêmes" je ne sais pas le terme équivalent en vietnamien, (ma mère a eu son baptême à la pagode de Marseille), offrandes... période de jeûne etc...etc...
    des cérémonies , des prières qui les accompagnent
    et surtout les pèlerinages, ainsi que l'existence (et /ou la construction) des pagodes et des lieux de culte

    (je posterais plus tard des articles de références sur les religions, sectes, etc...; mais actuellement je suis en plein travaux de rénovation de ma maison, il me faut un peu de temps pour la recherche
    )

    bonne journée à tous



    Ti Ngoc
    Dernière modification par Ti Ngoc ; 02/07/2013 à 12h24.


  6. #5
    Passionné du Việt Nam Avatar de dannyboy
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    C’est vrai. Le bouddhisme, tel qu’il est pratiqué au VN, inclue indiscutablement une vénération du Bouddha, avec tous les rites et cérémonies annexes. Les vietnamiens considèrent Bouddha comme un Dieu. C’est donc une religion.

    Mais pendant mon enfance, j’ai fait un stage bouddhique à Saigon et les moines m’ont bien expliqué que Bouddha n’est pas Dieu, il doit tout comme nous obéir à un ensemble de règles et il subira les mêmes conséquences que nous s’il enfreint ces règles.
    Dieu n'existe pas dans le Bouddhisme.

    Les moines m’ont également bien expliqué que n’importe qui est capable de trouver sa Voie vers le Nirvana sera devenu Bouddha à égalité avec « Le Bouddha ».
    Voilà en gros ce que j’ai retenu de mon stage effectué à 15 ans. ;-)
    Dernière modification par dannyboy ; 02/07/2013 à 14h11.

  7. #6
    Passionné du Việt Nam Avatar de Dông Phong
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    Re-bonjour Ti Ngoc et TLM,

    Veuillez me pardonner pour cette longue digression, occasionnée par ce fil de discussion :

    Quand on parle de religions, de croyances, de pratiques religieuses, de sectes, etc…, il faut être très nuancé, car ce qui existe en Asie est très différent des croyances monothéistes de cette partie occidentale du monde.
    Ainsi :

    1) Confucianisme.
    On dit que les confucéens sont athées, d’après l’aphorisme de Confucius que j’ai cité ci-dessus.
    En effet, les confucéens chinois et vietnamiens ont vigoureusement combattu contre le bouddhisme (cf., par exemple, les nombreux articles du Code des Lê qui limitaient la prolifération des bonzes).
    Mais ils croyaient au Thượng đế (l’Empereur d’En-haut), donnaient le titre de Thiên tử (Fils du Ciel) aux souverains, et ont institué la cérémonie du Nam giao pour que ceux-ci honorassent tous les ans leur « Père céleste ».

    2) Le bouddhisme.
    Le Bouddha historique Çakya Muni a donné une « boîte à outils » pour aider les humains à se libérer de leurs souffrances.
    Mais les clergés bouddhiques n’ont été créés qu’après sa mort pour en établir les différentes branches par plusieurs « conciles » (de Rajagrha, un an après sa mort ; de Vaisali, 110 ans après ; de Pataliputra, 137-160 après).
    De ces conciles sont issues les différentes écoles (phái) du bouddhisme (Théravada, Mayhana, Vajrayana,…), dont les rituels, les pratiques, les obligations, et les voies d’accéder au nirvana sont fort différents.

    3) Le taoïsme.
    C'était à l’origine, une philosophie qui préconisait le retour à l’équilibre de la nature première yin et yang.
    Du taoïsme sont issus la médecine chinoise et les arts martiaux.
    Mais il a été aussi récupéré par plein de « maîtres religieux » (thày đạo) et autres « sorciers » pour des pratiques qui leur rapportent beaucoup de considération et de...profits.

    4) Sectes.
    Le terme secte (du latin secta, de sequi, suivre) désignait un ensemble de personnes professant une même doctrine philosophique, religieuse, etc…, et n’avait pas la connotation péjorative qu’on lui attribue aujourd’hui (Le Petit Larousse illustré, 1999 p. 927). Ainsi, par exemple, la traduction de la lettre adressée en 1630 par les chrétiens du Tonkin au Pape Urbain VIII débutait par cette phrase : « Nous Tunquinois, tant que nous sommes de la Secte de Notre Seigneur Jésus Christ, nos têtes courbées contre terre, en action de grâces adorons le Seigneur du Ciel et de la Terre, et prenons la hardiesse d’adresser cette Lettre à votre Sainteté… » (Alexandre de Rhodes, Histoire du Royaume de Tunquin, 1651, p. 259).

    Cordialement.
    Dông Phong
    Dernière modification par Dông Phong ; 02/07/2013 à 15h57.
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  8. #7
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    Par défaut

    Citation Envoyé par dannyboy Voir le message
    annexes. Les vietnamiens considèrent Bouddha comme un Dieu. C’est donc une religion.
    Non,
    ce n'est pas une référence à un Dieu qui fait que l'on peut considérer le bouddhisme comme une religion


    si l'on s'en tient à la définition de religion donnée par les ethnologues et anthropologues:

    "définir ce qu'est une religion revient, dans un premier temps, à considérer que l'activité sociale met en évidence l'existence conjointe de croyances - au surnaturel, à des puissances transcendantes à une divinité unique ou à un ensemble de divinités, etc, - et d'actes- de pratiques rituelles- qui visent à établir des relations spécifiques entre les hommes et les êtres ou les pouvoirs extra -humains, ces actes étant fondés sur les croyances et formant avec eux un système sur lequel porte un savoir ordinaire largement.
    Un tel ensemble de croyances et d'actes, du fait même de l'intentionnalité générale qui, dans l'histoire, a présidé à sa constitution, est envisagé par les acteurs concernés comme ayant une valeur et une portée universelles, malgré le caractère historiquement et sociologiquement particulier de tout système religieux..."
    (p 619- 620 Bonte- Izard: "dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie")


  9. #8
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de DédéHeo
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    août 2006
    Localisation
    Halong Hanoi
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    Il faut dire au maris d’apprendre se texte par cœur. Par ce que moi, quand on me dit qu'on m'aime comme "la vaste terre
    Et du ciel immense,
    Des eaux et des montagnes à perte de vue vertes et bleues,
    De la lune limpide et du vent frais.
    Dans l’espace infini des Trois mille mondes
    "

    Je fond latéralement.

    Après c'est moi qui " me réjouis de ce monde terrestre gros comme une gourde !"

  10. #9
    Passionné du Việt Nam Avatar de dannyboy
    Date d'inscription
    juillet 2010
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    Citation Envoyé par Ti Ngoc Voir le message
    Pour et contre les sept émotions humaines

    ( article du Courrier du Vietnam
    29/06/2013 13:34)

    L’auteur de cette œuvre est Nguyên Cu Trinh (1716-1767), lettré érudit, administrateur compétant et grand chef de guerre. Vivant dans la période de sécession du pays, il sert les seigneurs Nguyên dans le Sud Vietnam. En bon confucéen, il ne peut admettre qu’on se dérobe aux obligations sociales. Dans cette œuvre, il critique un dogme bouddhique, le renoncement aux sept émotions pour atteindre la délivrance.

    Le commentaire en français a loupé pas mal de choses.
    Le wiki viet mentionne qu’il a écrit ce texte pour motiver ses soldats. L’œuvre a été écrite juste au moment où on lui a confié comme mission d’aller écraser une révolte d’une peuplade à Quang Ngai.
    Le bouddhisme interdisait de tuer quelles que soient les motivations. Il avait imaginé ce dialogue pour dénoncer des planqués qui font semblant d’être moines pour ne pas devoir aller se battre.

    L’explication est ici Sãi vãi
    Et le texte complet est ici Sãi vãi

  11. #10
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Ti Ngoc
    Date d'inscription
    décembre 2007
    Messages
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    Citation Envoyé par dannyboy Voir le message
    Le commentaire en français a loupé pas mal de choses.
    Le wiki viet mentionne qu’il a écrit ce texte pour motiver ses soldats. L’œuvre a été écrite juste au moment où on lui a confié comme mission d’aller écraser une révolte d’une peuplade à Quang Ngai.
    Le bouddhisme interdisait de tuer quelles que soient les motivations. Il avait imaginé ce dialogue pour dénoncer des planqués qui font semblant d’être moines pour ne pas devoir aller se battre.

    L’explication est ici Sãi vãi
    Et le texte complet est ici Sãi vãi

    Merci Dannyboy pour ces remarques!

    si une bonne âme pouvait, avec du temps et de la patience, nous donner la traduction du wiki viet
    "Sãi vãi", c'est avec plaisir et intêret que je lirais le texte.

    Ti Ngoc


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