...Duong Thu Huong, qui se veut écrivain engagé et militant, nous propose avec ce
Au Zénith, une sorte de roman historique. Assaisonné d’une touche people un peu racoleuse : il s’agit en effet –excusons-la du peu !- de la liaison passionnée que «
le Président » (son nom n’est jamais donné, mais il n’y a aucun doute possible, même pour le lecteur le plus ignorant) aurait partagée avec une jeune et jolie jeune femme, dans les années 50. Passion sacrifiée sur l’autel de la raison d’État, par les « méchants ». Ce roman, en effet, est très manichéen : il y a d’un côté les bons et de l’autre les méchants ; avec en tête des bons, le Président qui est une malheureuse victime de ceux bien ingrats, qu’il a lui-même fait accéder au pouvoir, et qui sont devenus précisément les méchants. Très méchants ! Non seulement ils séparent les amants et assassinent la jeune et jolie femme après l’avoir violée, mais ils enlèvent les enfants nés de cette union, tuent la fille et placent le garçon quelque part à la campagne loin de son Président de Père, à qui il ne reste plus que ses yeux pour pleurer. Et il pleure beaucoup, le Président ! Pendant toutes ces années, et jusqu’à sa mort, le voilà devenu une marionnette, manipulée par les méchants qui lui ont ravi toute son autorité, tout son pouvoir. Ce pourrait être un drame shakespearien, ce n’est hélas qu’un récit long et fastidieux, tellement prévisible et d’une facture si classique, si peu inventive, et parfois si peu crédible, qu’on a très vite envie d’abandonner à son triste sort, ce président larmoyant et ratiocinant. Car il ne se contente pas de pleurer, le malheureux, il pense ! Et l’auteur de nous livrer les pensées du grand homme ! Elles figurent en italique dans le texte, pour marquer sans doute leur authenticité, mais quand l’auteur (car, quelque en soit la typographie c’est tout de même l’auteur qui prête ces mots au Président) lui fait dire (ou penser, soit !) : «
Mais pourquoi mon peuple, que j’aime tant, est-il si impitoyable envers moi ? Pourquoi ne me concède-t-il même pas un petit coin de bonheur personnel ? » ou encore : « J’ai plus de soixante-dix ans. À mon âge, il n’y a plus d’utopies. Pourtant je me suis sacrifié aux grandes causes. Je me rends compte aujourd’hui qu’elles n’étaient qu’un mirage, un château enchanté aperçu dans la brume, de l’autre côté du fleuve. En cherchant à l’atteindre, je n’ai connu que naufrages et destruction… », le lecteur se sent un peu abusé. Et, abusé, il l’est en effet, dès le départ, le lecteur français! ...