Le premier satellite d'observation du Vietnam pour 2010
L'Institut des technologies spatiales, relevant de l'Académie des sciences et des technologies du Vietnam, a vu le jour le 3 avril dernier. Parmi ses tâches, figure la conception du premier satellite d'observation à l'horizon 2010, au service de la gestion des ressources naturelles et de la prévention des calamités naturelles.
Dans l'avenir, les photos satellites fourniront des informations précises pour l'urbanisme, les prévisions météorologiques, la protection de l'environnement, etc. "Si nous étions déjà dotés de ce genre d'équipement de télédétection, nous aurions percé le mystère des marées noires qui frappent actuellement le littoral des provinces du Centre et du Sud", affirme Dang Vu Minh, président de l'Académie des sciences et des technologies du Vietnam, qui assume simultanément la direction du nouvel Institut des technologies spatiales (ITS). Un matériel particulièrement nécessaire donc, puis-que les tâches qui lui sont affectées sont bien distinctes de celles du satellite de télécoms Vinasat du ministère des Postes et des Télécommunications.
L'élaboration d'un tel satellite d'observation constitue l'une des premières tâches de l'ITS, ce qui lui permettra d'affirmer son rôle et son prestige au sein de la communauté scientifique nationale. Il dispose d'un large domaine d'intervention : recherche et développement, fabrication d'équipements d'observation, conception et assemblage de petits satellites, prestation de services dans le secteur spatial... Il est également chargé de développer des laboratoires, de former des professeurs universitaires, de donner des conseils sur l'utilisation de l'espace et l'élaboration de politiques gouvernementales en la matière. Ses recherches seront appliquées au service du développement socio-économique national.
Le budget à accorder aux recherches spatiales demeure toujours un problème préoccupant pour le Vietnam, un pays en voie de développement. "Les technologies spatiales nécessitent de gros investissements, mais apporteront d'importants avantages au pays", selon Dang Vu Minh. Face à ce dilemme, l'ITS va maximiser l'emploi du budget qui lui sera alloué, notamment en arrêtant les thèmes de recherche fondamentale, sans manquer d'effectuer les investissements appropriés pour assurer leur qualité. Il sera de même fait appel à la participation de l'ensemble des acteurs de l'économie, ainsi qu'aux associations internationales.
Tapis rouge pour les investisseurs
Les potentiels de l'ITS retiennent déjà l'attention de bon nombre d'investisseurs étrangers, en particulier japonais. La cérémonie de son inauguration a eu l'honneur d'accueillir des délégués de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale (JAXA). D'autres sociétés prestigieuses comme Nec-Toshiba et Sumitomo se sont intéressées à l'événement. Le vice-président de la société aéronautique Nec-Toshiba, spécialisée dans la conception de petits et moyens satellites, la production d'accessoires et d'autres équipements, a exprimé son intention d'élargir la coopération avec le Vietnam. Si en 2003, cette société n'a pas emporté l'adjudication du projet de Vinasat, celui de ce nouveau satellite constitue pour elle l'occasion de se rattraper. Pour sa part, le Vietnam salue toujours la collaboration avec tous les pays. L'ITS a récemment signé des mémorandums de coopération avec des partenaires japonais et français.
"Le Vietnam a préparé toutes les conditions nécessaires au développement des technologies spatiales", affirme Nguyên Khoa Son, président adjoint de l'Académie des sciences et des technologies. Quant à Hoàng Van Phong, ministre des Sciences et des Technologies, il souligne que l'ITS figure parmi les meilleurs établissements scientifiques du pays.
Manque de main-d'œuvre
La création de l'ITS est un événement significatif, un fruit des efforts des milieux scientifiques depuis 29 ans. Un bémol, l'établissement doit faire face au déficit en main-d'œuvre qualifiée.
Le secteur des technologies spatiales nécessite constamment du personnel compétent. Conscient de ce besoin impératif, le professeur Nguyên Van Hiêu et ses collaborateurs ont accéléré, dès les années 80 du siècle précédent, les préparatifs sur le plan des ressources humaines. Des cadres talentueux ont été envoyés en Russie pour leur formation chez le numéro un mondial du secteur. Les étudiants vietnamiens dans ce pays ont également été encouragés à enrichir leurs connaissances en la matière.
Sept cadres de l'Académie des sciences et des technologies ont également bénéficié, il y a 3 ans, d'une formation à l'étranger en conception et assemblage de petits satellites. Compte tenu de la durée très courte du cursus, leurs connaissances laissent encore à désirer. Malgré cela, de premières études ont été démarrées par ces pionniers.
La création de l'ITS a favorisé le regroupement des spécialistes, autrefois répartis dans plusieurs établissements. Ce qui leur offre des conditions de travail idéales pour exploiter leurs compétences et créativités au service du développement de ce secteur embryonnaire au Vietnam.
Dans l'avenir, l'institut accordera des conditions privilégiées pour la formation de jeunes scientifiques afin de réduire le déficit en main-d'œuvre. Les connaissances générales en technologies spatiales seront introduites de manière appropriée dans les programmes d'enseignement secondaire, au profit d'élèves pour lesquels les notions demeurent réellement inconnues aujourd'hui, mais qui en tant que nouvelle discipline devraient susciter attention et enthousiasme.
Au niveau universitaire, l'ITS élargira sa coopération avec l'École supérieure des technologies pour ouvrir une faculté où les cadres de l'institut donneront, entre autres, des cours. Les meilleurs étudiants bénéficieront de formation complémentaire à l'étranger. "La formation d'un cadre compétent nécessite au minimum de 5 à 7 ans. Dès maintenant, l'ITS a entrepris toutes les démarches nécessaires pour satisfaire, vers 2017, à ses besoins en main-d'œuvre", affirme Dang Vu Minh, président de cet établissement.
Le budget réservé à la formation des cadres de l'institut reste modeste en ce moment. Malgré cela, "pour nous la formation est toujours en priorité", conclut Dang Vu Minh.
Source : Vân Anh/Courrier du Vietnam