OPINIONS : l'œil du touriste
Découverte. En 2006, le Vietnam a attiré 3,6 millions de touristes étrangers. Mais quel regard ces visiteurs portent-ils sur le Vietnam? Quelques-uns d'entre eux, croisés dans les rues de la capitale Hanoi et de la ville de Huê, ont accepté de livrer leurs impressions.
"Des paysages merveilleux et des gens extraordinairement sympathiques". Tels sont les premiers mots de Gaëlle et Yoann lorsqu'on les questionne sur leur voyage au Vietnam. Ces 2 étudiants français à Chengdu (Chine) profitent de leurs vacances pour effectuer un périple en Asie du Sud-Est. Après Hong Kong, les Philippines et le Cambodge, leurs pas les ont conduit au Vietnam. Et visiblement ils ne sont pas déçus. Du Nord au Sud, les occasions de succomber aux charmes du pays semblent avoir été nombreuses : "Nous avons particulièrement aimé le delta du Mékong ainsi que l'ambiance de Hô Chi Minh-Ville et de Hanoi. Les rues de Hôi An et leur beauté surannée nous ont également séduit" déclarent-ils.
Rencontrés autour d'une bia hoi (bière à pression) dans la vieille ville de Hanoi, Marie-Christine, Olivier et Catherine sont également très satisfaits de leur voyage. Au Vietnam pour une durée de 6 semaines, ces québécois ont été attirés par un bouche à oreille positif. "On m'avait dit beaucoup de bien du Vietnam" confie Marie-Christine. "Je suis ravie, la découverte culinaire est fantastique et le dépaysement total". Olivier et Catherine, qui ont longtemps séjourné en Chine, notent quelques ressemblances avec la Chine du Sud mais trouvent les Vietnamiens "beaucoup plus ouverts" que leurs voisins.
Tous ont appris à négocier les prix "occidentaux" réservés aux touristes. Une coutume à laquelle Yoann a eu du mal à s'habituer : "les xe ôm (moto-taxi) sont des fripouilles" dit-il en riant. "Par contre, j'ai trouvé que les formules proposées par les agences de voyage pour visiter le Vietnam étaient très pratiques, en particulier le système de bus open-tour". Le nombre de motos dans les rues et la circulation est également un sujet d'étonnement : "Mais comment font-ils pour ne pas avoir d'accidents?" s'exclame Gaëlle.
C'est indéniable, le Vietnam plaît. Mais le tableau n'est pas complètement idyllique. Déception majeure, le peu de personnes maîtrisant l'anglais ou le français. Québécois comme Français ne cachent pas leur frustration de n'avoir pu vraiment communiquer avec les gens. "Le contraste avec les Philippines est étonnant. Là-bas tout le monde parle anglais" ajoute Gaëlle.
Autre regret, exprimé par une vieille dame rencontrée à la citadelle de Huê, le manque d'entretien et l'immense besoin de restauration de certains monuments. "Je suis venue ici en 1997, et je trouve que la citadelle a énormément perdu de sa splendeur. Aujourd'hui, certaines parties ne se visitent même plus car elles sont trop abîmées". Ce triste constat est également valable pour d'autres monuments, comme les tombeaux des Nguyên à Huê.
Le pays a tous les atouts en main pour attirer un grand nombre de visiteurs. Il doit le faire de façon intelligente. Actuellement, d'énormes efforts sont déployés afin de favoriser le développement d'un tourisme de masse. Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre à Da Nang et à Hôi An, où d'immenses complexes hôteliers sont en construction le long du littoral. Mais pour assurer au tourisme vietnamien un développement durable, faire rentrer des devises étrangères dans le pays ne suffit pas. Il apparaît important que les dividendes du tourisme soient réinvestis dans la sauvegarde du patrimoine, sous peine de voir disparaître un héritage exceptionnel.
Source : Jean-Jacques Héry / Courrier du Vietnam