un article du Figaro d'Arnaud Rodier
Une usine Intel, inaugurée fin 2010 à Hô-Chi-Minh-Ville. Crédits photo : Le Quang Nhat/AP
Le pays se tourne de plus en plus vers les services à haute valeur ajoutée.
Samsung, Canon, Foxconn, Neon Led, Hazan Group… qu'ils soient coréens, chinois ou japonais, tous les grands groupes asiatiques y sont installés.
L'an dernier, plus de 200 sociétés nippones, confrontées aux conséquences du tsunami et de la catastrophe de Fukushima, ainsi qu'aux inondations en Thaïlande, sont parties s'implanter au Vietnam, y investissant 1,4 milliard d'euros.
En juillet 2011, le français SEB y a racheté le numéro un local des ventilateurs, Asian Fan, pour en faire sa tête de pont en Asie. Et en décembre de l'année dernière, Nokia a fermé son usine roumaine pour la délocaliser dans le nord du pays.
Si les premiers investissements étrangers au Vietnam concernaient des secteurs bas de gamme, dans le textile ou les chaussures notamment, et l'industrie légère pour profiter des bas salaires du pays, ils sont désormais de plus en plus orientés vers des domaines très sophistiqués et vers les services.
Une main d'œuvre moins chère par rapport à la Chine
Un rapport du McKinsey Global Institute (télécharger le rapport en PDF), publié la semaine dernière, qui salue la forte croissance du Vietnam ces cinq dernières années (7% par an en moyenne) et la nette amélioration de sa productivité, estime que «l'externationalisation des services à forte valeur ajoutée apparaît comme un axe de développement prometteur». Et d'affirmer qu'en «s'appuyant sur sa population diplômée du supérieur, le Vietnam dispose du potentiel pour devenir l'une des dix premières destinations mondiales pour l'offshoring de services».
Ces services ont déjà rapporté 1,5 milliard de dollars à l'économie vietnamienne l'an dernier et font travailler 100.000 personnes. Mais ils peuvent se développer beaucoup plus grâce aux «257.000 diplômés qui sortent des lycées et des universités chaque année» et au fait qu'un «informaticien est embauché au Vietnam à un coût inférieur de 60% à celui d'un bon technicien en Chine», assure McKinsey.
Partenariats universitaires
Les universités et les grandes écoles en France ne s'y sont pas trompées qui, de Paris à Toulouse, en passant par Lyon, Bordeaux et Orléans, proposent des diplômes de master en management ou en finance délocalisés à Hanoï et à Hô Chi Minh.
Cependant, avant de rivaliser avec l'Inde, le Vietnam devra surmonter trois écueils: mettre sur pied des agences spécialisées pour attirer les étrangers dans ce domaine où ils ne l'attendent pas, développer plus qu'il ne le fait les partenariats public-privé et montrer une véritable volonté politique de s'y engager.
Depuis le lancement, en 1986 de sa politique du «Doi Moi», la politique du «Renouveau» et son accession, en 2007, à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le régime communiste s'est incontestablement ouvert. Mais il a encore beaucoup à faire.
S'il peut profiter d'une population jeune, il va devoir faire face, comme la Chine, à une hausse inéluctable de ses coûts salariaux qui le rend déjà moins compétitif que le Bangladesh et le Cambodge. Et s'il veut maintenir son rythme de croissance au niveau de celui des dernières années, il doit impérativement monter en gamme. Mais s'il y parvient, promet McKinsey, il pourra «réaliser son rêve de devenir un poids lourd des technologies de l'information».