Construire une marque commerciale nationale, une tâche urgente - 22/05/2011
Selon le vice-président de l'Association de l'artisanat et de la transformation du bois de Hô Chi Minh-Ville (HAWA), Trân Quôc Manh, bien que le pays figure dans le top des exportateurs mondiaux pour plusieurs produits tels que café ou riz, la plupart de ceux-ci sont peu transformés et de faible valeur ajoutée.
Une des raisons, c'est le manque de coopération entre entreprises, surtout dans les secteurs du café, du riz et des produits d'artisanat. D'après Trân Quôc Manh, vice-président de HAWA, il faut instituer une coopération entre producteurs pour fabriquer une grande quantité de produits de même qualité afin de satisfaire aux exigences des clients.
Avec une telle coopération, les produits nationaux auront une "meilleure position" dans les salles de transactions mondiales, surtout ceux d'exportation majeure du pays comme poivre, noix de cajou, café et thé.
Il est important aussi d'élaborer une marque commerciale. Mais pour cela, les entreprises ont besoin d'une assistance des ministères concernés. Il faut aussi construire des entrepôts et des réseaux de distribution sur des marchés importateurs du Vietnam. Comme le pays ne possède pas encore un tel réseau de distribution, il doit passer par des intermédiaires pour commercialiser ses produits.
Selon Ming Seng, directeur d'un supermarché vietnamien au Cambodge, la population locale apprécie les produits vietnamiens pour plusieurs raisons, notamment qualité et coût modique... La distance entre Hô Chi Minh-Ville et Phnom Penh est de 230 km mais le Vietnam n'a pas encore ouvert de centre de gros comme ont fait la Chine et la Thaïlande par exemple. La plupart des produits vietnamiens dans des supermarchés cambodgiens sont distribués par des intermédiaires, ce qui entraîne un prix supérieur et une moindre compétitivité.
Actuellement, les producteurs nationaux doivent importer la plupart des matières premières pour leur production. Pour remédier à cette situation, l'État et les ministères doivent élaborer une stratégie de développement de zones de matières premières, des industries auxiliaires et de services nécessaires pour celles-ci.
Renforcer la promotion du commerce
Selon des experts, il faut augmenter l'efficacité et la qualité des programmes de promotion du commerce à un niveau national, ainsi que donner une priorité à la communication et à la recherche de clients comme de grands contrats. Il faut en outre définir des normes pour les stands de présentation des produits nationaux dans les programmes de promotion des exportations, ainsi qu'organiser des programmes spécifiques à chaque groupe de produits. Les services de représentation et de commerce vietnamiens situés à l'étranger doivent augmenter leur capacité de recherche d'information et d'analyse de marché.
Les programmes de promotion du commerce doivent être définis une à deux années avant leur mise en œuvre afin de faciliter la participation des entreprises, notamment pour ceux réalisés à l'étranger. Désormais, les services de promotion du commerce réalisent et contrôlent eux-mêmes les programmes. Mais selon des experts, il faut qu'ils élaborent les programmes puis organisent des adjudications pour leur mise en œuvre. Le Département national de promotion du commerce sera chargé de la surveillance de toutes ces activités.
Pour augmenter la valeur ajoutée des exportations, le pays modifie ses stratégies et la structure de ses produits. Si auparavant, le pays exportait seulement du riz, il faut aujourd'hui chercher à exporter des produits à base de riz. Pour augmenter la valeur ajoutée des textiles, le pays doit assumer toutes les étapes de leur fabrication, de la fourniture des matières premières à l'installation du réseau de distribution en passant par le stylisme.
Selon des experts, l'État devrait définir un plan d'exportation stratégique pour chaque marché et chaque groupe de produits. Sans oublier des politiques d'assistance pour l'accès au crédit à l'exportation, pour soutenir les entreprises investissant sur de nouveaux marchés ou ceux présentant des risques. Une base de donnée sur chaque marché doit être créée avec, notamment, des informations sur la demande par catégorie de produits, les capacités de la production nationale, ce afin d'informer les entreprises vietnamiennes comme étran-gères.
Avis d'experts et d'entrepreneurs
* Lê Quang Dung, directeur adjoint de la
compagnie de cosmétique Saigon (SCC)
Nous pensons que pour augmenter la valeur ajoutée des produits exportés, il faut élever leur qualité. Ensuite s'intéresser à des points spécifiques des produits pour qu'ils se distinguent de leurs concurrents. D'après l'expérience de SCC, si nous investissons dans la création de nouveaux parfums et modèles, les produits sont vendus à un prix supérieur, entraînant donc l'augmentation des profits.
Pour les entreprises qui doivent importer des matières premières, il est important de maintenir des relations avec leurs partenaires afin de bénéficier de facilités, en particulier lorsque le prix des matières premières est en hausse. Il faut rechercher de nouvelles sources d'approvisionnement, en privilégiant celles dans le pays. Le but est de fabriquer de produits satisfaisant aux normes internationales, pour une bonne qualité et une valeur ajoutée élevée.
Afin que les exportateurs trouvent de nouveaux débouchés, l'État devrait les soutenir, par exemple en diminuant ou supprimant des taxes, ou en accordant des conditions préférentielles dans le cadre de crédits affectés à la modernisation de leurs technologies. Sans oublier de développer des industries auxiliaires, organiser les programmes de promotion du commerce sur le long terme, construire des centres de présentation des produits vietnamiens sur les marchés potentiels. Enfin, valoriser le rôle des associations professionnelles pour assister les entreprises et éviter une concurrence non loyale.
* Tu Minh Thiên, directeur du Centre de
promotion du commerce et de l'investissement de Hô Chi Minh-Ville (ITPC)
C'est le moment où l'État élabore une stratégie pour conquérir chaque marché et chaque région. Il faut aussi une stratégie de fabrication d'une grande quantité de produits en assurant la qualité.
Dans l'immédiat, nous pouvons choisir des produits "forts" comme l'alimentation transformée, afin d'investir dans l'amélioration de leur qualité et la conception d'une marque commerciale. Après, nous pourrons coopérer avec les grands distributeurs tels que Metro, Big C ou Lotte... pour faire référencer nos produits pour leur commercialisation dans des réseaux du monde. Enfin, il nous faut renforcer l'efficience des programmes de promotion du commerce.
* Docteur Pham Quang Diêu, de l'Institut d'économie du Vietnam
Pour améliorer la position des produits agricoles nationaux, il est nécessaire de relier l'industrialisation au secteur rural en matière de main-d'œuvre. Les ministères doivent demander aux instituts et services d'étude de donner leurs avis sur les programmes d'étude pour le développement du commerce, des secteurs clés et des zones de matières premières pour l'agriculture. Il leur faut aussi construire une banque d'informations et prévenir les évolutions du marché pour assister les entreprises, conseiller le gouvernement et les ministères en matière de gestion du marché à court terme.
Minh Hà/CVN
22/5/2011