L’homosexualité dans les cultures asiatiques et la culture vietnamienne :
un statut social traditionnellement élevé, confronté au changement sociopolitique
Officiellement, même si on note un certain changement d’attitude dans la presse et d’autres médias, il n’y a aucune politique en matière de VIH et d’homosexualité. La société vietnamienne est régie par des normes strictes et repose sur un dimorphisme sexuel rigoureux (homme/femme, yin/yang). Il n’y a pas de place pour un « troisième sexe » car les rôles et statuts sociaux assignés aux hommes et aux femmes sont définis en fonction des différences anatomiques. La nature est donc le facteur décisif dans la définition des identités de genre.
De nos jours, l’homosexualité est considérée au Viet Nam comme un style de vie importé de l’Occident ou une sorte de mode, mais pas réellement comme une orientation sexuelle ayant une véritable importance au regard de la culture traditionnelle (St-Pierre, 1998, p. 91). En 1999, la revue vietnamienne "Khoa Hoc va Doi Song" (Science et Vie) a publié un rapport qui laissait entendre que l’homosexualité pourrait – ou pouvait– être une maladie causée par la haute teneur en hormones de certains aliments, comme la viande de boeuf ou le poulet. De l’avis du sexologue le plus célèbre du pays, le docteur Tran Bong Son, il existe deux types d’homosexualité :
l’une réelle (
thât) mais très rare ; l’autre fausse (gia), plus courante et influencée par la mode et l’expérimentation d’un style de vie homosexuel non permanent (Colby et coll., 2004). Quoi qu’il en soit, la question de savoir si l’homosexualité est une maladie, un handicap ou un comportement déviant n’est pas encore tranchée au Viet Nam. Le code civil, le code pénal et le code matrimonial ne qualifient pas l’homosexualité de faute ou de délit (Wilson et coll., 1999, p. 63 à 66). L’homosexualité demeure en quelque sorte le secret de chacun,...