Envoyé par
Lich Buu
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Selon Arnold Toynbee, la difficulté des obstacles à surmonter, le défi sont une incitation au dépassement pour les individus et les collectivités. Remarque valable pour les immigrés vietnamiens.
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Autant de raisons qui nous font comprendre que les conditions historiques et politiques rendent l'intégration des Vietnamiens obligatoire quels qu'en soient les modalités, les succès et les insuccès. Leur volonté d'intégration s'est plus particulièrement manifestée à travers un phénomène qui a le plus attiré l'attention des observateurs: le succès scolaire et universitaire des jeunes immigrés vietnamiens même de la première génération malgré le redoutable obstacle linguistique.
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Le succès scolaire des jeunes immigrés vietnamiens de la première génération est homogène, sans distinction de classes sociales. A l'école ils sont estimés autant pour leur savoir et savoir faire que pour leur savoir être. Disciplinés, motivés, gentils, polis, respectueux et affectueux ils sont en revanche timides et participent le moins possible. "Co biêt thi thua thôt không biêt thi dua côt ma nghe" : "Si tu sais, exprimetoi, si tu ne sais pas, adosse toi et écoute", affirme le proverbe vietnamien.
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Leur famille qui joue un rôle majeur dans l'éducation, les rappelle constamment à l'obligation de réussir pour être dignes du pays d'accueil, pour ne pas perdre la face. De telle sorte qu'à l'école, leurs maîtres n'ont plus à s'occuper de leur "prééducation" morale et civique indispensable a la bonne marche des études. "Tiên hoc lê hâu bac van"Apprenez d'abord les rites et la morale, étudiez ensuite les lettres", enseigne la tradition vietnamienne. Il ne faut pas oublier non plus le rôle prépondérant de la mère dans l'éducation.
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Tel est le plus beau fleuron de l'intégration vietnamienne en France, une intégration scolaire et professionnelle satisfaisante des jeunes immigrés de la première génération. Il convient ici de remarquer l'affinité entre la mentalité française et la mentalité vietnamienne qui considèrent la possession d'un diplôme comme un signe de distinction sociale, un symbole de la caste nobiliaire, un atout majeur de promotion sociale.
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En effet, est confucéen celui qui respecte l'ordre établi, l'autorité, la hiérarchie, celui qui cherche à se maîtriser, qui place la collectivité audessus de l'individu, celui qui pratique les vertus cardinales de l'homme de bien: fidélité, loyauté, rectitude; celui qui recherche le juste milieu - le milieu juste
corrigeait Etiemble -et enfin celui qui croit à la méritocratie. A travers cette caractérisation, on retrouve nombre de traits de l'immigré vietnamien
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Enfin le bouddhisme, à bien des égards proche du taoïsme, prône la tolérance, l'impermanence, la non-violence et imprègne de façon ineffable les manières d'être des immigrés vietnamiens faites de silences et de sérénité. Disons enfin pour conclure que, avec ses points forts et ses faiblesses, l'intégration vietnamienne en France est une intégration sans histoire.