Le POURQUOI et les comments
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abgech
C'est pourquoi j'estime que le gouvernement, plutôt que de se vendre à l'OMC, devrait conserver la maîtrise des flux financiers par le contrôle de toutes les banques ayant une importance autre que strictement locale.
Qui a la maîtrise de la finance a la maîtrise de l'économie.
Je sais, ma remarque n'est pas dans l'air du temps, mais cela ne veut pas dire qu'elle soit fausse.
:kimouss:
Il n'est point de bon vent pour celui qui ne sait où il veut aller ... Sénèque
De même, oui, la maîtrise de l'économie, via une courroie - la principale, certes, mais loin d'être l'unique, à ne pas confondre - la finance (ou plus exactement le crédit en l'occurrence, pour le Vie-t Nam) n'est qu'un MOYEN, un COMMENT parmi d'autres chers aux technocrates (il en faut).
http://i169.photobucket.com/albums/u...Meconngheo.jpg
C'est vrai, c'est ce que j'appelle "vessie percée" par rapport à "lanterne intacte",
la FIN, le POURQUOI dont nous parle Sénèque.
Mais ce que l'on fait, pour quelle fin qui ait un sens, ou du moins le plus de sens pour le plus de gens ?
En un mot, l'économie pour quoi faire ?
Je vous renvoie bien volontiers à Maslow et à son échelle des besoins. La difficulté est qu'il faudrait à mon très très humble avis, pour le coup, la coupler aux Droits de l'Homme, en mettant en deuxième position le droit à des conditions de vie DIGNES (en gros, le gîte et le couvert, l'éducation, les soins de santé, les déplacements) juste après LE Droit fondamental ("... nés égaux en droits ...). En effet, les autres droits et libertés sont ILLUSOIRES en tout cas conditionnés par celui de la vie digne.
Deux oublis (qui m'ont été rappelés par des amis ...)
1. Les droits de l'Homme n'étaient pas rédigés par des gens qui étaient dans le besoin de vie digne, ils l'avaient déjà satisfait, foi de bourgeois (notion historique, sans aucun jugement de valeur). Ceci explique cela sans doute.
2. Economie de marché ... Mais le marché au sens naturel, ok. Mais, ce marché simple, cela fait belle lurette que les marchands de tout temps et en tout lieu en avaient fait un moyen de faire non pas du profit ... mais du profit au-delà de l'équitable (notion j'en conviens, difficile à "consensuer", mais qui existe et sévit).
D'où déséquilibre, d'où frustration, révolte, voire égarement ...
A l'ère de la communication et de l'intelligence en réseau (1+1 >> 2) nous tenons une chance - mais serait ce du romantisme optimiste ? - incroyable d'enfin devenir collectivement plus matures.
Car, nous sommes tous co-locataires d'une même Terre, enfants d'une même origine et conditionnés par les mêmes exigences ?
Conclusion
On ne tire pas l'Humanité vers le haut avec les cordes de l'iniquité, ni avec celles des égoïsmes. A BenP en particulier, je dirais, une somme d'optimisations locales
ne correspond presque jamais à l'optimisation globale.
Mais il est des folies exterminatrices endémiques chez les humains ...
Vietnam, l'envol d'un dragon
Vietnam, l'envol d'un dragon
Le pays connaît la deuxième plus forte croissance en Asie, derrière la Chine. Gros plan sur cette vitalité.
A quoi reconnaît-on un pays qui boome? A son taux de croissance. Pour le Vietnam, les chiffres sont éloquents: 7,3% de croissance annuelle en moyenne depuis dix ans, 8,2% en 2006. La deuxième performance de la région Asie-Pacifique, derrière la Chine mais devant l'Inde! Avec des envolées supérieures dans certaines parties du pays, comme au sud dans la région de Hô Chi Minh City si on en croit les chiffres de Nguyen Thi Hong, vice-présidente du Comité populaire de la ville, en charge des finances: 12% en 2006, et même 19% pour le secteur des services et 15% pour l'industrie au premier semestre 2007, dit-elle avec la précision métronomique d'une haut cadre du Parti communiste, toujours solidement installé au pouvoir.
Economiquement, le pays se transforme de fond en comble. De quelques milliers de PME en 2000, elles seraient plus de 200000 aujourd'hui. Et le processus de restructuration des entreprises étatiques ne faiblit pas. De 2001 à 2005, 3346 sociétés étatiques sur 5655 ont été restructurées, 2188 ont été privatisées. Surfant sur le train de réformes du gouvernement qui a pris le nom de «Doi Moi», c'est un pays de 84 millions d'habitants, âgés de moins de 35 ans pour 72% de la population (!), qui ne pensent qu'à une chance ou presque: travailler, consommer, progresser et s'enrichir. Quitte à faire 45 à 50 minutes de moto par jour pour aller du domicile à son lieu de travail.
Mais hors des tabelles économiques, la fièvre se voit dans la rue. Observation d'un confrère qui était passé par le Vietnam en 2000. «Avant il n'y avait que des vélos, très très peu de motos.» Sept ans après, les rues sont encombrées de motos japonaises, taïwanaises et depuis peu chinoises. Moins chères. Les vélos? Dans cet essaim de moteurs, on les compte presque sur les doigts de la main. Ce n'est pas tout. Les voitures montrent leur capot. Pas de vieilles autos essoufflées mais de rutilantes Toyota en majorité, Ford parfois, grosses allemandes de plus en plus. Une classe bourgeoise apparaît. Et la classe moyenne - de 251 à 500 dollars de revenus par mois - représente aujourd'hui 55% de la population, en progression de 78% entre 1999 et 2006. Ici comme dans d'autres pays, malgré les plaies d'une très douloureuse guerre - «le passé, c'est le passé», nous a-t-on souvent répété -, tout ce qui vient des Etats-Unis fascine.
En levant les yeux, ça construit à tour de bras. Immeubles, surfaces commerciales, habitations privées relevées de plusieurs étages, lotissements nouveaux, quartiers rasés. A Hanoi, la capitale administrative, au nord du pays. A Saigon, au sud. Partout. Exemple de Danang, au centre du pays, quatrième ville - 800000 habitants -, restée dans l'histoire pour avoir été la base des opérations militaires des Américains pendant la guerre au Vietnam. Et qui, de cité portuaire, sera demain l'étoile de la Costa Brava du pays. Le Huu Doc, vice-directeur du Comité du Plan de la ville, livre sans orgueil les projets: complexes hôteliers, immeubles de 20 ou 30 étages, zones industrielles, ponts, golfs pharaoniques, aménagement d'une presqu'île à faire pâlir Dubaï.
Bref, l'argent pleut sur la ville - «Un milliard d'investissements recouvrant 103 projets différents» - comme sur le pays. Selon le FMI, les investissements directs étrangers ont atteint le record de 10,2 milliards de dollars en 2006. A Danang, les capitaux sont surtout américains (44%), japonais (11%), coréens (8%), taïwanais (7%), etc. Et les investissements européens? Sur cette région, moins de 4%.
Le défi de la croissance, c'est aussi de tenir sur la durée. Ambition exprimée par le vice-premier ministre Pham Gia Khiem dans un entretien à des journalistes suisses: «L'objectif est de faire sortir le Vietnam du groupe des pays à bas revenus en 2010 et d'en faire un pays industrialisé en 2020.» Et de ne pas laisser trop de monde au bord de la route. Les résultats sur ce plan sont impressionnants. En une décennie, la part de la population qualifiée de pauvre est tombée de 58% en 1993 à 10% aujourd'hui. A Hô Chi Minh (ex-Saigon), la vice-maire parle de moins de 3% de familles pauvres en ville, soit gagnant moins d'un dollar par jour et par personne. A la vérité, souvent ces populations ont été chassées de la ville vers la campagne périphérique.
Gare aux dérapages
Les défis ne manquent pas (lire ci-dessous). Sur le plan politique pour poursuivre vers une transition plus démocratique, une justice plus sereine, une administration réformée plus efficiente. Sur le plan économique pour s'intégrer aux règles mondiales après l'admission en 2006 à l'OMC. Mais aussi pour éviter les dérapages tout à la fois liés à la corruption - «Lutter et faire reculer la corruption dans l'appareil de l'Etat est une priorité», reconnaît le vice-premier ministre Pham Gia Khiem - et à l'inflation. L'argent arrive à flots sur le Vietnam. Tellement, confie un diplomate à Hanoi, que les autorités ont presque accueilli comme une bénédiction le petit coup de frein découlant du coup de froid de mars sur les bourses asiatiques et des peurs liées au SRAS.
Le Vietnam a du boulot devant lui. Notamment sur les questions d'environnement, de transport. Déjà Hô Chi Minh étouffe sous le trafic. La ville attend son métro. Première ligne dans quatre ans.
Source : Ignace Jeannerat, Le Temps, 2007