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Discussion: Victor Hugo et les Viêtnamiens

Vue hybride

  1. #1
    Avatar de thuong19
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    Par défaut Victor Hugo et les Viêtnamiens

    une discussion très animée sur Alexandre Yersin, une autre sur Alexandre de Rhodes,
    pourquoi pas une discussion sur (Alexandre....) Victor Hugo?
    c'est dans rue 89

    Mais que fiche Victor Hugo sur la fresque d’un temple vietnamien ?

    Aurore Lartigue | Les Inrocks
    Marion Liautaud | Journaliste




    La fresque du temple caodaïste représentant Hugo (Marion Liautaud)

    Victor Hugo en tenue d’académicien en train d’inscrire sur une table de la loi :
    « Dieu est humanité, amour et justice. »
    C’est le genre de rencontre pour le moins incongrue à laquelle on ne s’attend pas au fin fond du Vietnam, à quelques centaines de kilomètres d’Hô Chi Minh-Ville. Pourtant, deux millions de Vietnamiens adeptes du caodaïsme vénèrent aujourd’hui, entre autres saints, l’auteur des « Misérables » représenté sur cette fresque.
    A mi-chemin entre la pagode et la cathédrale, le temple religieux caodaïste ne fait pas dans l’austérité. Sous une voûte étoilée en carton-pâte soutenue par des colonnes en simili marbre, l’endroit est un véritable bestiaire dans le plus pur style...carnavalesque.

    Le temple caodaïste (Marion Liautaud)

    On y voit pêle-mêle un dragon sculpté aux couleurs vives, un animal hybride à nez de cochon et un phénix porté par une tortue, le tout surplombé par un énorme œil, symbole omniprésent dans les temples caodaïstes.
    Au-dessus de cet improbable autel cohabitent dans la plus parfaite harmonie les figures du taoïste Lao-Tseu, du sage Confucius, du bouddha Cakyamuni et de Jésus-Christ. L’écrivain anglais Graham Greene dira de l’intérieur du principal temple de Tây-Ninh, situé près de la frontière cambodgienne :
    « Le Christ et Bouddha contemplent du plafond de la cathédrale une Fantasia orientale à la Walt Disney, dragons et serpent en Technicolor. »
    Un sacré syncrétisme


    Le temple caodaïste, de l’extérieur (Marion Liautaud)

    Crée en 1920, ce syncrétisme religieux est la clef de la théologie caodaïste. La religion s’inspire la fois du confucianisme, du taoïsme, du bouddhisme et du christianisme. Mais elle vénère aussi de nombreux Occidentaux choisis pour leurs valeurs humanistes : Victor Hugo mais aussi Jeanne d’Arc, Pasteur, Churchill, Shakespeare et même Lénine. Un comble quand on sait que certains dignitaires du caodaïsme avaient le communisme en horreur.
    Mais que vient donc faire notre écrivain national sur cette fresque aux côtés de Nguyên Binh Khiêm, poète vietnamien, célèbre pour ses prédictions et de Sun Yat Sen, considéré comme le père de la Chine moderne ? Jérémy Jammes, directeur adjoint de l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC) et ethnologue du caodaïsme explique :
    « Victor Hugo est un peu comme l’arbre qui cache une forêt de sens, de symboles et d’histoires. »
    La première utilisation par les caodaïstes du nom de Victor Hugo est liée à un homme, Pham Công Tac. Au cours d’une séance de spiritisme qu’il organise chez lui, en 1927, ce jeune commis des douanes « entre en communication avec l’esprit de Victor Hugo », lequel se désigne comme l’autorité spirituelle protectrice de la « mission étrangère du caodaïsme ».
    Des adeptes du spiritisme

    Comme les caodaïstes, l’auteur de Notre-Dame de Paris était lui aussi un fervent adepte des séances de spiritisme. Victor Hugo faisait tourner les tables pour tenter d’entrer en contact avec sa fille défunte, Léopoldine. Les adeptes du caodaïsme le savaient.
    C’est ainsi que l’auteur français se retrouve aux côtés des deux intellectuels asiatiques sur la fresque qui trône à l’entrée de tous les temples caodaïstes. Mais comme le précise le chercheur, hors de ce contexte missionnaire et cambodgien, les textes du « saint » Hugo sont « rares voire inexistants » dans de nombreuses autres branches. Et surtout :
    « L’esprit de Victor Hugo n’a daigné s’exprimer aux séances médiumniques uniquement lorsque le jeune francophone Phạm Công Tac tenait le rôle de médium. »
    Un choix opportun à l’époque coloniale


    Une « gargouille » du temple (Marion Liautaud)

    Au delà des raisons mystiques, le choix de l’écrivain français pour figurer dans le temple caodaïste, est d’une logique plus terre-à-terre. Il faut se rappeler qu’au moment de la création du caodaïsme dans les années 1920, le sud du Vietnam, la Cochinchine, est sous domination coloniale française.
    « Victor Hugo est l’un des premiers romanciers français traduits en vietnamien et ses écrits sont largement diffusés dans le Vietnam de cette époque. Dans les années 1920, pour tout Vietnamien qui a appris le Français, son nom évoque une idéologie humaniste. »
    Sans compter aussi que faire allusion à Victor Hugo pouvait permettre aux caodaïstes de s’adjuger les bonnes grâces des autorités coloniales. Tout cela sans renier leurs idéaux :
    « Ses ouvrages présentent une grande variété de thèmes (dénonciation de l’appareil judiciaire et de la misère sociale, spiritisme, etc.), que l’utopie sociale et les pratiques médiumniques caodaïstes viennent relier les uns aux autres. Le sentiment patriotique, voire indépendantiste des caodaïstes pouvait, de manière originale, s’appuyer sur la figure humaniste de Hugo. »
    Le bonheur des touristes

    Si le 22 mai du calendrier solaire est le jour où l’on célèbre le culte de Victor Hugo, reste qu’aujourd’hui, mis à part l’homme sur les fresques colorées, l’écrivain français ne semble pas évoquer grand chose pour le commun des caodaïstes. Hormis les fidèles francophones, de plus en plus rares, plus personne ne lit les textes du poète. Comme le note Jérémy Jammes :
    « L’évocation de son nom par les caodaïstes devient plutôt un symbole identitaire fort, symbole d’un universalisme dont ils entendent être les dépositaires privilégiés. »
    Après la guerre du Vietnam, à l’arrivée des communistes au pouvoir, la religion connaît des heures difficiles. Accusés d’être des traîtres, des espions à la solde de la CIA, de nombreux dignitaires du Saint-Siège de Tây Ninh fuient le sud du Vietnam.
    Dans les années 1980, les temples rouvrent leurs portes avec l’assentiment des autorités. Ils font aujourd’hui le bonheur des touristes. Mais malgré toutes les personnalités occidentales vénérées par les caodaïstes, cette religion n’a d’ailleurs guère fait d’émules à l’étranger. Selon Jérémy Jammes, « les conversions de non-Vietnamiens sont anecdotiques ».
    Seulement deux ou trois Américains se déclarent aujourd’hui caodaïstes.

    Une fidèle dans le temple (Marion Liautaud)


    Dernière modification par thuong19 ; 24/09/2012 à 06h51.

  2. #2
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de robin des bois
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    Citation Envoyé par thuong19 Voir le message
    une discussion très animée sur Alexandre Yersin, une autre sur Alexandre de Rhodes,
    pourquoi pas une discussion sur (Alexandre....) Victor Hugo?
    c'est dans rue 89


    Je crois assez à ce passage de votre texte comme explication plausible

    [Il faut se rappeler qu’au moment de la création du caodaïsme dans les années 1920, le sud du Vietnam, la Cochinchine, est sous domination coloniale française.
    « Victor Hugo est l’un des premiers romanciers français traduits en vietnamien et ses écrits sont largement diffusés dans le Vietnam de cette époque. Dans les années 1920, pour tout Vietnamien qui a appris le Français, son nom évoque une idéologie humaniste. »]


    cqfd , c'est encore grâce à AdR ... et ses prdécesseurs qui se sont penchés sur le Quoc Ngu, que Victor est là et bien là et c'est un saint !!!

    La preuve : je l'ai lu

    [IMG][/IMG]




  3. #3
    Passionné du Việt Nam Avatar de Dông Phong
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    Citation Envoyé par thuong19 Voir le message
    une discussion très animée sur Alexandre Yersin, une autre sur Alexandre de Rhodes,
    pourquoi pas une discussion sur (Alexandre....) Victor Hugo?
    c'est dans rue 89

    Bonjour Thuong et TLM,

    « Victor Hugo est l’un des premiers romanciers français traduits en vietnamien et ses écrits sont largement diffusés dans le Vietnam de cette époque. Dans les années 1920, pour tout Vietnamien qui a appris le Français, son nom évoque une idéologie humaniste. »

    C'était Nguyễn Văn Vĩnh (1882-1936) qui a traduit Les misérables de Victor Hugo en vietnamien à cette époque sous le titre de Những người khốn khổ.
    NVV était un grand érudit patriote qui participait aux mouvements de modernisation du VN, dont j'ai résumé la biographie et l'oeuvre ci-dessous.
    Dông Phong

    Courte biographie de Nguyễn Văn Vĩnh (1882-1936).

    Né dans une famille pauvre de Hanoi, Nguyễn Văn Vĩnh fut loué par ses parents à l’âge de 8 ans comme gardien de bovins à Yên Phụ, sur les berges du Fleuve Rouge.
    Dans cette localité existait une école française pour la formation des interprètes indigènes (les Français avaient imposé leur protectorat sur le Tonkin en 1884). Notre jeune Nguyễn Văn Vĩnh y fut rapidement embauché pour tirer à la main le grand éventail qui aérait la salle de classe. Tout en exécutant son pénible travail, il écoutait attentivement les cours, et à l’âge de 11 ans il termina 12ème sur 40 apprenants.
    Remarqué par son directeur, il obtint une bourse pour suivre la formation officielle au Collège des Interprètes, d’où il sortait major en 1895.
    L’année suivante, à l’âge de 14 ans, il fut embauché comme interprète officiel au palais du Résident (français) de Lào Cai à la frontière chinoise. Là il apprenait en plus l’anglais et le chinois.
    Entre 1902-1905, il fut transféré à la Résidence de Hai Phong et de Bac Giang. Pendant cette période, il commença sa carrière de journaliste en collaborant au Courrier de Hai Phong et à la Tribune Indochinoise.
    Il participait alors à plusieurs sociétés savantes, dont la fameuse Đông Kinh Nghĩa Thục (École Gratuite du Tonkin), en compagnie d’intellectuels nationalistes vietnamiens, dont Phan Bội Châu et Phan Chu Trinh. Ces nationalistes étaient aussi des grands réformateurs : ils préconisaient l’abandon du confucianisme et de l’écriture chinoise, et la vulgarisation de l’écriture romanisée quốc ngữ, afin que le pays s’ouvre à la modernité européenne et japonaise.
    En 1906, il fut délégué à l’organisation du pavillon tonkinois de l’Exposition Coloniale à Marseille. Il y découvrit de ses propres yeux la puissance de la modernité européenne, et fut convaincu de la nécessité de réformer la société vietnamienne.
    De retour au pays, il créa plusieurs journaux et revues indigènes. En même temps, il se lança dans l’édition de ses œuvres littéraires.
    Il entra ensuite en politique, en tant qu’élu au Conseil Consultatif du Tonkin et au Conseil Économique de l’Indochine, où il défendait âprement les intérêts indigènes contre la rapacité des occupants français. Et pour le punir, les autorités coloniales confisquèrent ses biens et le mirent en faillite.
    Il partit alors au Laos comme chercheur d’or. Et dans ce pays, il fut terrassé par un paludisme foudroyant et mourut en 1936.
    De son immense œuvre littéraire, nous retiendrons notamment :
    - la monumentale traduction du roman versifié Kim Vân Kiều de Nguyễn Du.
    - des traductions en vietnamien de : Les fables de La Fontaine, Les misérables de Victor Hugo, Manon Lescaut de l’Abbé Prévost, Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, Les aventures de Télémaque de Fénelon, Les contes de Charles Perrault, les comédies de Molière (Le misanthrope, L’avare, Le malade imaginaire), etc…
    Longtemps considéré comme un « collabo » au service des colonisateurs français par des nationalistes ignorants, Nguyễn Văn Vĩnh est maintenant réhabilité comme l’un des plus grands érudits vietnamiens du XXème siècle.







    Savant ne suis
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  4. #4
    duc
    duc est déconnecté
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    trés interessant ...
    j'ai découvert bcp de choses

  5. #5
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    Citation Envoyé par Dông Phong Voir le message

    ...

    C'était Nguyễn Văn Vĩnh (1882-1936) qui a traduit Les misérables de Victor Hugo en vietnamien à cette époque sous le titre de Những người khốn khổ.

    ...

    Longtemps considéré comme un « collabo » au service des colonisateurs français par des nationalistes ignorants, Nguyễn Văn Vĩnh est maintenant réhabilité comme l’un des plus grands érudits vietnamiens du XXème siècle.

    ...




    Bonjour TLM,
    Pour les Forumeur(e)s qui lisent le vietnamien, voici un site très richement documenté consacré à Nguyễn Văn Vĩnh, qui est maintenant bien "réhabilité" au Viêt Nam : Tân Nam T
    Dông Phong





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    PS : Pour contacter le Comité de rédaction de ce site :

    Ban biên tập trang web Tân Nam Tử Nguyễn Văn Vĩnh
    Mọi chi tiết xin liên hệ:
    Ông Nguyễn Lân Bình - Địa chỉ: Số 55 - ngõ Lương Sử C - phường Văn Chương - Đống Đa – Hà Nội
    Điện thoại: (844) 374 70126 - 094 748 2805

    Email: [email protected] - [email protected].




    Dernière modification par Dông Phong ; 25/09/2012 à 10h03. Motif: Ajout du PS
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  6. #6
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    Pour les Forumeur(e)s vietnamophones, une video intéressante sur l'oeuvre littéraire de Nguyễn Văn Vĩnh : Tân Nam T.
    Mais je n'ai pas réussi à la copier ici.
    DP
    Dernière modification par Dông Phong ; 25/09/2012 à 11h35.
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  7. #7
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    Bonjour Thuong et TLM,

    « Victor Hugo est l’un des premiers romanciers français traduits en vietnamien et ses écrits sont largement diffusés dans le Vietnam de cette époque. Dans les années 1920, pour tout Vietnamien qui a appris le Français, son nom évoque une idéologie humaniste. »

    C'était Nguyễn Văn Vĩnh (1882-1936) qui a traduit Les misérables de Victor Hugo en vietnamien à cette époque sous le titre de Những người khốn khổ.
    NVV était un grand érudit patriote qui participait aux mouvements de modernisation du VN, dont j'ai résumé la biographie et l'oeuvre ci-dessous.
    Dông Phong

    Courte biographie de Nguyễn Văn Vĩnh (1882-1936).

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    Dans cette localité existait une école française pour la formation des interprètes indigènes (les Français avaient imposé leur protectorat sur le Tonkin en 1884). Notre jeune Nguyễn Văn Vĩnh y fut rapidement embauché pour tirer à la main le grand éventail qui aérait la salle de classe. Tout en exécutant son pénible travail, il écoutait attentivement les cours, et à l’âge de 11 ans il termina 12ème sur 40 apprenants.Remarqué par son directeur, il obtint une bourse pour suivre la formation officielle au Collège des Interprètes, d’où il sortait major en 1895.L’année suivante, à l’âge de 14 ans, il fut embauché comme interprète officiel au palais du Résident (français) de Lào Cai à la frontière chinoise. Là il apprenait en plus l’anglais et le chinois.Entre 1902-1905, il fut transféré à la Résidence de Hai Phong et de Bac Giang. Pendant cette période, il commença sa carrière de journaliste en collaborant au Courrier de Hai Phong et à la Tribune Indochinoise.Il participait alors à plusieurs sociétés savantes, dont la fameuse Đông Kinh Nghĩa Thục (École Gratuite du Tonkin), en compagnie d’intellectuels nationalistes vietnamiens, dont Phan Bội Châu et Phan Chu Trinh. Ces nationalistes étaient aussi des grands réformateurs : ils préconisaient l’abandon du confucianisme et de l’écriture chinoise, et la vulgarisation de l’écriture romanisée quốc ngữ, afin que le pays s’ouvre à la modernité européenne et japonaise.
    En 1906, il fut délégué à l’organisation du pavillon tonkinois de l’Exposition Coloniale à Marseille. Il y découvrit de ses propres yeux la puissance de la modernité européenne, et fut convaincu de la nécessité de réformer la société vietnamienne.
    De retour au pays, il créa plusieurs journaux et revues indigènes. En même temps, il se lança dans l’édition de ses œuvres littéraires.
    Il entra ensuite en politique, en tant qu’élu au Conseil Consultatif du Tonkin et au Conseil Économique de l’Indochine, où il défendait âprement les intérêts indigènes contre la rapacité des occupants français. Et pour le punir, les autorités coloniales confisquèrent ses biens et le mirent en faillite.
    Il partit alors au Laos comme chercheur d’or. Et dans ce pays, il fut terrassé par un paludisme foudroyant et mourut en 1936.
    De son immense œuvre littéraire, nous retiendrons notamment :
    - la monumentale traduction du roman versifié Kim Vân Kiều de Nguyễn Du.
    - des traductions en vietnamien de : Les fables de La Fontaine, Les misérables de Victor Hugo, Manon Lescaut de l’Abbé Prévost, Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, Les aventures de Télémaque de Fénelon, Les contes de Charles Perrault, les comédies de Molière (Le misanthrope, L’avare, Le malade imaginaire), etc…
    Longtemps considéré comme un « collabo » au service des colonisateurs français par des nationalistes ignorants, Nguyễn Văn Vĩnh est maintenant réhabilité comme l’un des plus grands érudits vietnamiens du XXème siècle.
    _ L'entreprise d'embellissement du colonialisme prend un autre essor
    _ on nous rappelle une autre idole à vénérer , V. Hugo chez les Cao Dai , allez visiter si vous passez par là
    _ et un autre réhabilité Nguyễn Văn Vĩnh : érudit ? n'est ce pas exagéré , grand traducteur peut-être . Il n'était peut-être pas collaborateur actif comme Pham Qùynh mais un peu quand même , à l'insu de son propre gré .
    _ on parle du
    Đông Kinh Nghĩa Thục et on en fait ressortir les aspects qui vous arrangent : abandon du confucianisme et des caractères Han , promotion du quô'c ngu . On oublie de dire que c'était une entreprise VN de lutte culturelle non violente en vue de moderniser le VN et gagner des points envers les colonialistes qui avaient promis de rendre l'indépendance si les VN faisaient des progrès mais même cela , ils ne pouvaient le tolérer ; à peine , la peinture séchée , l'école était fermée sous de faux prétextes .
    _ pourquoi s'arrêter si tôt sur le chemin de la réhabilitation du colonialisme : puisqu'il nous a apporté tant de bienfaits , remontons aux personnes qui ont permis son établissement , remettons en place la statue de Rigault de Genouilly ou celle de Paul Bert (1833- 1886 ) dont parle Paul Mus dans son livre " le destin de l'union française ": Mus décrit la statue coloniale de Paul Bert érigée à Hanoi, dévoilant une silhouette du gouverneur français qui surplombe celle de son élève vietnamien à ses côtés pourtant adulte. Bert tient par la main ce dernier comme la France coloniale emmène un Vietnam colonisé sur le chemin du progrès et de la civilisation. Mus met en parallèle cette représentation coloniale avec deux statues érigées par les Français des généraux Foch et Pershing sur les bords de Seine à Paris afin de commémorer la collaboration franco-américaine pendant la Première Guerre mondiale. Sa conclusion tient en six mots : « Elles ont strictement la même taille ».Son message est tout aussi clair : dans l’ordre mental colonial, les Vietnamiens étaient perçus comme des enfants et non des hommes. Les colonisés ne jouaient pas sur le même terrain humain que les Français et les Américains représentés aux bords de la Seine.[ De la même manière, la statue française que Mus a choisie pour la couverture du Destin, celle de Gallieni élevé au sommet d’une colonne et porté en triomphe par plusieurs colonisés, montre cette vision coloniale inégalitaire du monde que recouvrait mal le drapé républicain ]
    On se demande pourquoi les patriotes vietnamiens avaient pu ressentir de l’humiliation devant la statue coloniale de Paul Bert à Hanoi qu’ils détruisirent à la mi-1945, avant même que les Viet Minh, dirigés par les communistes, n’aient pris le pouvoir.


  8. #8
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    Victor Hugo, « autorité spirituelle » ou paraphrénique ?


    Citation Envoyé par thuong19 Voir le message
    une discussion très animée sur Alexandre Yersin, une autre sur Alexandre de Rhodes,
    pourquoi pas une discussion sur (Alexandre....) Victor Hugo?
    c'est dans rue 89
    La première utilisation par les caodaïstes du nom de Victor Hugo est liée à un homme, Pham Công Tac. Au cours d’une séance de spiritisme qu’il organise chez lui, en 1927, ce jeune commis des douanes « entre en communication avec l’esprit de Victor Hugo », lequel se désigne comme l’autorité spirituelle protectrice de la « mission étrangère du caodaïsme ».
    [/QUOTE]

    Un article intéressant à lire :

    Les tables tournantes de Victor Hugo à Jersey. Vers une explication du mystère
    par Michel Rouzé - SPS n° 256, mars 2003

    Si Allan Kardec devint au XIXe siècle le « pape du spiritisme », Victor Hugo en fut l’un des plus célèbres adeptes. Sur cette bizarrerie de « l’homme océan », il nous a paru intéressant de publier à nouveau un article écrit il y a plus de vingt ans par Michel Rouzé, le président-fondateur de l’AFIS.


    Au mois d’août 1852, Victor Hugo, chassé de France par le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, se réfugie d’abord en Belgique, puis à Jersey, où il loue prés de Saint-Hélier, pour y vivre avec les siens, Marine Terrace, une maison isolée dans une vallée sinistre où s’engouffrent les tempêtes de la Manche. Dans son ouvrage Victor Hugo et le spiritisme, le docteur Jean de Mutigny décrit cette demeure prédestinée à abriter bientôt des scènes étranges : « Pour tout paysage, la mer, les ruchers dantesques, un dolmen et un cimetière voisin pour égayer le tout. D’ailleurs la plage, si l’on fait foi aux habitants du pays, est hantée. On peut y voir, pendant les nuits de pleine lune, un décapité qui erre inlassablement à la recherche du repos éternel, il y a aussi la Dame blanche, jeune femme infanticide qui apparaît de temps en temps sur les rochers, une Dame noire, ancienne druidesse qui aurait immolé son père sur un dolmen au cours d’une cérémonie et une certaine Dame grise, dont on ignore les antécédents ».
    Séances presque quotidiennes pendant deux ans et demi

    C’est là que débarque l’année suivante, pour rendre visite au poète exilé, son amie Delphine Gay, l’épouse du publiciste Emile de Girardin, elle-même poétesse et considérée un peu comme l’une des égéries de la génération romantique. En ce temps la vogue des tables tournantes, venue d’outre-Atlantique, a gagné toute l’Europe. En France, le Lyonnais Hippolyte Rivail découvre qu’il est lui-même la réincarnation d’un druide celtique et sous le nom d’Allan Kardec, il devient le pape de la religion spirite. A Jersey, où elle ne séjournera qu’une semaine, Delphine de Girardin convertit ses hôtes, d’abord sceptiques, puis bouleversés par une séance où s’est manifesté l’esprit de Léopoldine, la fille chérie du poète, morte noyée au cours d’une promenade sur la Seine. Désormais, durant deux ans et demi, les séances de spiritisme se poursuivront à Marine Terrace, presque chaque jour et souvent plusieurs fois par jour. Les procès-verbaux, généralement dressés par Hugo lui-même, ont été publiés, au moins en partie, par son exécuteur testamentaire Gustave Simon. Ils viennent d’être réédités chez Stock, avec le commentaire de Gustave Simon. Par une coïncidence remarquable, sort presque en même temps, chez Fernand Nathan, le livre dans lequel le docteur Serge de Mutigny propose une explication scientifique de la genèse de ces textes trop peu connus et qui constituent vraiment une énigme.

    Dialogues avec des morts illustres

    Après l’apparition, brève et incertaine, de Léopoldine, et quelques séances assez ternes, le rite s’est institutionnalisé et durant plus de deux ans Victor Hugo, sa famille et quelques rares invités n’ont cessé de dialoguer avec Chateaubriand, Dante, Racine, Marat, Charlotte Corday, Robespierre, Annibal, André Chénier, Mahomet, Jacob, Shakespeare, Luther, Eschyle, Molière, Aristote, Anacréon, Lord Byron, Walter Scott, Galilée, Josué, Platon, Isaïe, Louis XVI, Napoléon 1er, Jésus-Christ, sans compter les fantômes familiers de Marine Terrace, la Dame blanche, la Dame noire et la Dame grise.

    Une maladie mentale ?



    Lire l’article entier sur :
    Les tables tournantes de Victor Hugo à Jersey. Vers une explication du mystère - Afis - Association française pour l'information scientifique
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  9. #9
    Avatar de thuong19
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    Citation Envoyé par HAN VIËT Voir le message
    _ L'entreprise d'embellissement du colonialisme prend un autre essor
    _ on nous rappelle une autre idole à vénérer , V. Hugo chez les Cao Dai , allez visiter si vous passez par là

    salut Han viet,
    une fois de plus tes élucubrations sur le colonialisme t'amène à écrire des bêtises. V Hugo chez les Cao Daïstes est une personne vénérée, et loin de moi la pensée d'en faire autant, je suis plutôt agnostique , et ne vénère personne-pas plus que Lénine autre personne vénèrée des Cao Daïstes, ni Jeanne d'Arc d'ailleurs.
    la question posée dans Rue 89 (c'est pas un journal colonialiste je crois) par la journaliste sur la présence de Victor Hugo parmi les personnages vénérées par la secte Cao Daïste Viêtnamienne mérite qu'on s'y attarde en tant que Viêtnamien, en cherchant des réponses dans ce que nous savons de notre culture et de notre passé.Nous avons la chance de surcroit d'être francophones , et d'avoir vécu pour la plupart d'entre nous notre enfance scolaire avec Victor Hugo et son influence dans la vie politique des français en quête de sa "République".
    alors propose plutôt des pistes plausibles sur cette curiosité de voir Victor Hugo vénérée par nos frères et soeurs Caodaistes, au même titre que , Lénine ,Pasteur, Churchill ou Jeanne d'Arc et arrête de nous saoûler avec ton prétendu complot de membres de FV nostalgiques du colonialisme

  10. #10
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    Bonjour Thuong19,
    Fallait-il censurer Han Viet et Dannyboy ?

    Derrière la plume d'un historien ou d'un journaliste ,il y a un être humain qui commente selon son formatage (variable avec le temps ,le lieu, sa classe sociale.) qu'il a reçu. Oui énormément de facteurs !
    je pense que Han Viet en opposant la souffrance de tout un peuple à l'article de Rue 89 sur la vénération de Victor Hugo par les Caodaîstes refuse à juste titre qu'on puisse assimiler le culte d'une petite minorité à une acceptation un tant soit peu de la colonisation par la population.

    Quant au bannissement de Dannyboy ,il faut savoir qu'il n'y a pas de fumée sans feu , Pour cela ,il suffit de relire les posts .D'autres forumeurs sont coutumiers de cela aussi ou du moins par de lourdes allusions.
    Dernière modification par ngjm95 ; 26/09/2012 à 16h05.

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