Michel Gillet retour en Indochine 50 ans après

La première fois qu'il a mis les pieds sur le sol asiatique, c'était en 1951, lorsqu'il a été appelé pour faire la guerre d'Indochine. En 2003, Michel Gillet, un habitant de Vaux, est retourné au Vietnam, sur des terres qu'il avait aimées malgré les combats.

Lorsqu'ils se sont connus, elle, l'Indochine, était en guerre et lui, Michel Gillet la côtoyait parce qu'il était un soldat français. Entre eux, les premiers contacts n'ont pas été évidents, guerre oblige. Mais une fois sur place, rencontres insolites et expériences humaines inoubliables se sont succédé.
Pour rejoindre la terre asiatique, sans vraiment savoir ce qui l'attendait, Michel Gillet a d'abord passé trente jours sur le Cap Touran, un bateau sur lequel le jeune sergent a embarqué en avril 1951. « Durant le voyage, nous étions quatre inséparables, mon frère Gaston, Claude Gandon, Claude Doert et moi, se souvient parfaitement l'octogénaire. Lorsqu'on a débarqué, j'étais malade et quelques jours plus tard, en me rendant à l'infirmerie, je suis tombé sur un autre de mes frères, Alain. On s'est retrouvé à 17.000 km de chez nous ! »

Les rencontres du popotier
À Cho Bên (Nord du Vietnam), Michel Gillet, alors popotier de la garnison qui vit dans des blockhaus, va et vient parmi les populations locales. « Toutes les semaines, j'allais chez une famille d'épiciers pour chercher de la nourriture pour les troupes, raconte l'ancien soldat. J'ai tissé de vrais liens avec ces gens. Je garde d'ailleurs précieusement, dans mon portefeuille, une photo qui a été prise avec eux à l'époque. »

Marqué par l'hospitalité et le savoir-faire
En septembre 1953, Michel Gillet rentre d'Indochine, marqué par la gentillesse et l'hospitalité des locaux, par leur savoir-faire et leur dextérité, notamment sur le travail du bambou. « En 2003, pour notre voyage de noces d'or, j'y suis retourné avec ma femme, ma fille et mon gendre. » Cinquante ans après, Michel Gillet foule les terres qu'il avait connues occupées par le conflit. « Ma fille m'avait concocté plusieurs surprises, dont les retrouvailles avec la famille chez qui j'allais chercher à manger », se rappelle Michel Gillet, encore touché.
En 2008, l'octogénaire se joint à un voyage humanitaire organisé par l'Assorv (association de soutien aux orphelins du Vietnam) et repart sur les traces laissées par la guerre. « Dans le village de Tuvu, j'ai été accueilli comme un chef d'État, le maire m'a embrassé comme du bon pain, j'étais en larmes. J'ai même rencontré les propriétaires de ce qui était le blockhaus n° 3 à l'époque. »
Pourquoi avoir attendu cinquante ans pour remettre les pieds sur cette terre qui l'avait séduit ? Parce qu'en rentrant d'Indochine, la femme de sa vie, épousée par procuration depuis Hanoï, l'attendait avec leur premier enfant. Deux autres allaient d'ailleurs naître. Aussi parce qu'il a poursuivi une carrière militaire bien remplie, en témoigne la panoplie de médailles agrafées sur les murs du salon. Mais le Vietnam a suivi Michel Gillet et sa famille : divers objets, revenus, eux aussi de la guerre, ornent la salle à manger.
« Michel Gillet est un précieux bénévole. Il nous fabrique plein de jouets d'inspiration vietnamienne, souligne Bich Hai-Perrotin, la présidente de l'Assorv. Il aime le Vietnam, en témoigne cette photo des épiciers qu'il a connus pendant la guerre. » Les prochaines retrouvailles entre le Vietnam et Michel Gillet sont en préparation, presque soixante ans après qu'il ait posé le pied pour la première fois sur cette terre de coeur.

Source : Lyonne.fr / Émilie Zaugg