La magie des mots et des images
Le nouvel an vietnamien est l'occasion de voir surgir dans les couleurs les plus vives, des milliers d'images populaires, des centaines de sentences parallèles et d'idéogrammes, le plus souvent sur un fond rouge. Ces images, proverbes, symboles diffusent des conseils, des souhaits et des vœux. Certains attirent le bonheur, la santé, la prospérité, l'harmonie, d'autres écartent les malheurs, les maladies, les infortunes diverses, d'autres encore protègent des démons, fantômes et d'une manière plus générale sur ce qu'en Occident nous appellerions les mauvais esprits.
Les murs, les battants des portes, les frontispices, diverses colonnes en sont les principaux supports. Les génies ou les dieux des portes qui ornent le haut de cette page sont représentatifs de ces diverses protections. Le tableau ci-dessous indique les caractères les plus fréquents, leurs prononciations vietnamiennes et leurs traductions françaises.
Il existe aussi des sentences "isolées", composées de plusieurs caractères renvoyant à une "idée" générale plutôt qu'à un énoncé précis. Les exemples suivants véhiculent une telle idée associant prospérité, renommée de la famille etc.
Les sentences parallèles [câu doi] sont des écrits en caractères nôm, même si aujourd'hui on les trouve de plus en plus fréquemment en quôc ngu, qui sont collés par paires sur les portes. On les nomme môn*dôi ( ou môn liên . L'exemple ci-après est un classique en la matière.
Mentionnons aussi toute une imagerie populaire utilisant d'innombrables procédés "rhétoriques", allusion, symbolisme, homophonie, métaphore, effet de contiguïté, allégorie moralisante, humour, images d'agrément, représentations de la fête etc., autant de procédés pour rappeler un évènement, un proverbe, un souhait, une critique sociale. La lectrice ou le lecteur désireux d'approfondir ces questions se reportera au grand classique : Imagerie populaire vietnamienne de Maurice Durand, Publications de L'Ecole Française d'Extrême-Orient, Paris, 1960.