Discussion: Enfants du pays, ils créent un spectacle au Vietnam

Une partie du groupe qui se produira le 13 août. Avec, à gauche, l'accordéoniste Alain Pennec, Jakez Le Souëf (cornemuse et ocarina) et Michel Guillaume. En bas, à gauche, le dan-chan et à droite, le dan-bao.
DR

Jakez Le Souëf et Alain Pennec, musiciens bien connus du pays de Redon, se produiront au Festival interceltique de Lorient le 13 août. Avec l'une de leurs créations, en compagnie de musiciens vietnamiens.

L'histoire

Elle se raconte forcément autour d'un verre, sur la terrasse d'Alain Pennec. À quelques jours de la première représentation, en France, de leur tout nouveau spectacle, les deux musiciens reviennent sur la genèse de ce voyage musical. Et, comme souvent avec ces deux gaillards, l'histoire commence autour d'une bouffe, encore une fois sur la terrasse d'Alain Pennec.

Nous sommes en septembre 2010 et les deux amis - qui se sont rencontrés lors d'un stage de culture bretonne en 1968, à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) - se disent qu'ils partiraient bien au Vietnam. L'un de leurs copains, Michel Guillaume, y vit depuis plusieurs années. Et leur raconte une histoire - encore une - qui va être le début d'une autre. « Une histoire vraie, de Bretons déserteurs, en 1780, partis à l'autre bout de la planète pour sauver le fils de l'empereur du Vietnam, chassé du pouvoir, narre Alain Pennec. À cette époque, au Vietnam, se trouve l'évêque Adran, qui souhaite christianiser l'Asie. C'est lui qui recueille le fils de l'empereur déchu, Gia-Long. À ses côtés, les Bretons ont mis vingt ans à battre les hommes des frères Taï-Son. Au moment de la victoire, les Bretons ont été nommés Mandarins, l'une des plus hautes distinctions du Vietnam. »

Voyage au Vietnam

Quelque temps après avoir entendu cette histoire, Alain Pennec découvre le thème de l'édition 2011 du Festival interceltique de Lorient : la diaspora celtique. Ni une, ni deux, il fait le rapprochement avec ces aventuriers de Bretagne partis au Vietnam. Avec Jakez Le Souëf et Michel Guillaume, musicien aussi, il monte un projet qu'il présente aux organisateurs du festival. Le projet est validé. Les deux hommes partent rejoindre Michel Guillaume au Vietnam, en mai dernier.

Commence alors un voyage musical autour de cette histoire. Arrivés au Vietnam, Michel Guillaume fait appel à des amies musiciennes. Une joueuse de dan-chan, qui ressemble à une harpe ; une joueuse de dan-bao, instrument à une corde, typique du Vietnam, et une chanteuse lyrico-traditionnelle. Les musiciens des deux pays se découvrent, travaillent ensemble et trouvent une harmonie. Le spectacle Les Portes d'Anam est né. « Le spectacle est tiré du nom du livre de François-Xavier Landrin, dans lequel il revient sur cette histoire d'aventuriers bretons », précise Jakez Le Souëf.

Un spectacle d'une heure et vingt minutes, pendant lequel les musiciens retracent l'histoire des exilés de Bretagne. Un mélange de musiques traditionnelles, où la Bretonne côtoie l'Asiatique, où la chanteuse vietnamienne donne de la voix e brezhoneg. « Il y aura un vrai travail sur la scénographie, avec du visuel, ainsi que sur les costumes des musiciennes vietnamiennes », promet Alain Pennec. À voir, sur scène, au festival de Lorient. Et plus près de nous, en version allégée, le 15 août au Végétarium de La Gacilly.

Kate STENT Ouest France 08 aout 2011

Envoyé par mekong

Une partie du groupe qui se produira le 13 août. Avec, à gauche, l'accordéoniste Alain Pennec, Jakez Le Souëf (cornemuse et ocarina) et Michel Guillaume. En bas, à gauche, le dan-chan et à droite, le dan-bao.
DR

Jakez Le Souëf et Alain Pennec, musiciens bien connus du pays de Redon, se produiront au Festival interceltique de Lorient le 13 août. Avec l'une de leurs créations, en compagnie de musiciens vietnamiens.

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Merci Mékong d'avoir rapporté cette info surprenante.
J'ajouterai simplement que le groupe monté pour la circonstance par Alain Pennec a travaillé plus d'une année avec de nombreux musiciens viêtnamiens à HCMV .
Bravo pour ces musiciens et artistes
Je donne un complément d'infos extrait de la programmation officielle du festival.

Bonjour à vous,
Merci Mekong et Thuong19 pour cette information.
La musique celtique est des plus captivante. Si conjuguée à la musique việtnamienne traditionnelle, cela doit être plus que surprenante et originale.Bonne écoute à ceux qui pourront y assister.
H.L

Le Festival interceltique de Lorient, qui baisse le rideau ce soir, a reparcouru cette année le chemin des diasporas celtes. Il a poussé la curiosité jusqu'en Asie, rappelant que deux Lorientais ont été... mandarins en Cochinchine.

Depuis toujours, le Festival interceltique de Lorient se nourrit de rencontres improbables, de mariages des contraires. Dans son sillage, les Celtes ont parcouru tous les océans, exploré tous les continents. Oui, tous. Jusqu'à l'Asie: le Grand théâtre ouvrait, hier soir, les Portes de l'Annam, dans lesquelles se sont engouffrés l'accordéoniste Alain Pennec, le narrateur Mikaël Gwilhom et trois musiciennes vietnamiennes. Une création qui déverrouille des souvenirs depuis longtemps fermés. Mikaël Gwilhomdévoile la clé : «À la source, on trouve le livre de François Xavier Landrin, un médecin de Guérande(44). C'est de là que tout part», explique le président de l'association des Bretons du Vietnam. Entres les pages des «Portes de l'Annam», le Breton expatrié s'est embarqué sur les traces de marins bretons, du Pouldu et de Lorient, qui partirent au début du XIXesiècle en Indochine pour apporter leur soutien au jeune prince Nguyen-Anh, dans la reconquête de son royaume. Grâce à l'aide de ces aventuriers de l'ouest lointain, le monarque allait ainsi reconquérir le trône de ses aïeux et réunifier des terres qui deviendraient leVietnam.

D'Hô Chi Minh-Ville au Fil

Mikaël Gwilhom est sous le charme. Le récit séduit, enflamme l'imagination. Un musicien breton, Alain Pennec, monte à bord et affrète un fier équipage dans lequel se croisent des loups de mer bretons et trois musiciennes traditionnelles du Vietnam: Ngoc Mai Le Nhu et son dan bau (instrument monocorde traditionnel du Vietnam), Vu Thi Kim Yen et Hoang Thi Van Anh, deux chanteuses aux voix célestes. Tout prend forme. Sur scène, la cornemuse répond au dan bau comme le chant en breton se fait l'écho de la complainte vietnamienne. «Sur place, je disais aux musiciennes: un jour, on ira à Lorient, vous verrez... Et on l'a fait, on a été programmé au Festival interceltique», raconte Mikaël Gwilhom, des trémolos dans la voix, encore bouleversé de revenir aux sources du voyage, à Lorient.

Deux mandarins enterrés à Lorient

Une émotion partagée par les Lorientais. Car le spectacle a permis de renouer avec le fil invisible qui lie Lorient et l'extrême Orient. Si la mémoire s'est un peu diluée dans les brumes du passé, tous les Lorientais ont entendu parler de Jean-Baptiste Chaigneau... ne serait-ce que parce qu'ils empruntent parfois la rue qui porte son nom. Cet officier de marine natif de Lorient passa près de trente ans au service du roi de Cochinchine, devenu l'Empereur d'Annam. Il fut nommé général et, plus tard, grand mandarin. Philippe Vannier a également laissé son nom sur les plaques d'une rue de Lorient. Né à Locmariaquer, il participa lui aussi à la reconquête du trône du prince Nguyen Anh. Et fut, lui aussi, récompensé par la charge de mandarin. Décédé à Lorient en 1842, rue du Port, il est enterré au cimetière de Carnel, près de Jean-Baptiste Chaigneau.
Le Télégramme 14 aout 2011