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Qu’est-ce que les « cultures à des fins non alimentaires » ? Alternative à la production alimentaire traditionnelle, elles sont destinées à la production industrielle, de produits chimiques (plastique, peinture), de fibres industrielles (papier et textile), de médicaments, de produits de soins personnels et de biocombustibles. Les cultures non alimentaires sont une dimension du développement qui regroupe différents domaines, avec des conséquences directes et indirectes sur l’économie, la société et l’environnement. Grâce à leur potentiel à réaliser le développement économique, l’autonomisation sociale et la durabilité, elles sont considérées comme une solution pour tous.
La flambée récente des prix du pétrole laisse entrevoir à quel point le monde dépend de cette ressource spécifique. Nous en dépendons non seulement comme source d’énergie mais aussi pour la production d’un grand nombre de produits fabriqués par l’homme, comme les matières plastiques ou les tissus produits par l’industrie pétrochimique. Mais les ressources commencent à s’épuiser rapidement. Compte tenu du coût élevé du pétrole, il est impératif d’explorer l’énorme potentiel des plantes afin de trouver des solutions de remplacement qui répondent à nos besoins.
À un moment où le secteur agricole mondial connaît des problèmes ou est en crise, de nouvelles utilisations des cultures offrent des perspectives intéressantes pour les agriculteurs; c’est particulièrement le cas dans les pays en développement où il est possible de développer de nouvelles exportations et de nouvelles industries et de promouvoir la diversification du secteur horticole. L’écosystème mondial tire alors avantage d’une source de matériaux renouvelables qui n’épuise pas les ressources naturelles précieuses de la planète. Au cours de la prochaine décennie, les cultures non alimentaires constitueront une avancée significative en agriculture.
Il existe déjà d’innombrables exemples où les propriétés des plantes sont exploitées pour développer de nouveaux produits qui bénéficient à la société et aident à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, particulièrement ceux liés à la santé et à la durabilité de l’environnement. Par exemple, la fleur bisannuelle, lunaire ou monnaie-du-pape, a un potentiel prometteur pour le développement de médicaments. L’Echium, un type de bourrache, est utilisée pour sa haute concentration en oméga 3 et oméga 6 qui se trouvent dans le poisson et protègent contre les maladies cardiaques. Dans le domaine de l’énergie, la miscanthe et le saule en taillis à courte rotation font partie des plantes cultivées pour produire la biomasse qui peut être utilisée comme combustible dans les centrales au lieu des combustibles fossiles; la production de diesel biologique à partir d’huiles végétales et de bioéthanol obtenu par la fermentation du maïs ou du sucre peut remplacer l’essence pour les voitures. Dans l’industrie, le chanvre, à la fois plus solide et plus léger, est de plus en plus utilisé dans la fabrication de panneaux de voitures en remplacement de la fibre de verre. Cette fibre versatile est d’ailleurs utilisée dans de nombreuses autres applications, comme l’isolation et la construction des accotements de la route.
Une trop grande dépendance vis-à-vis d’un nombre limité de cultures, notamment les céréales, a causé des problèmes importants : la surproduction dans les pays les plus riches qui a entraîné le dumping dans les pays en développement; la baisse des prix, qui signifie une importante baisse des revenus des agriculteurs lorsqu’ils ne reçoivent plus de subventions; et une monoculture qui a détruit l’habitat de nombreuses espèces animales et végétales. En diversifiant les cultures, les agriculteurs amélioreront non seulement leurs propres conditions économiques mais pourront apporter une contribution significative à la biodiversité tout en réduisant leur dépendance vis-à-vis des ressources naturelles non renouvelables. Pour que cela puisse se faire, il faut cependant tirer un certain nombre de leçons.
Premièrement, l’exploitation du plein potentiel des cultures non alimentaires nécessite la collaboration de trois secteurs : la recherche, l’industrie et l’agriculture. Les chercheurs, pour étudier les propriétés des plantes et leurs applications possibles, et développer des banques de graines de souches particulières; l’industrie, pour développer de nouveaux produits et les commercialiser et, enfin, le secteur agricole, à la fin de la chaîne d’approvisionnement, pour produire les cultures en fonction de la demande. La production de cultures à des fins non alimentaires est d’autant plus intéressante que les agriculteurs, au lieu de travailler de manière spéculative, concluent des contrats commerciaux et sont donc assurés d’avoir un acheteur.
Afin de réaliser pleinement le potentiel des cultures non alimentaires, un effort important de sensibilisation est nécessaire. Il n’y aura une demande des consommateurs que s’ils sont informés des voies alternatives avantageuses et intéressantes financièrement qui se dessinent. Les gouvernements, de leur côté, ont un rôle majeur à jouer pour encourager la diversification. Par exemple, les biocombustibles ne seront viables sur le plan commercial que si un certain nombre de mesures fiscales sont conjointement adoptées.
L’utilisation des plantes offre d’immenses gains écologiques car elles peuvent être cultivées en continu et libèrent de l’oxygène dans l’atmosphère, au lieu des matières minérales, fossiles ou fabriquées par l’homme. Les plantes cultivées à des fins non alimentaires ne produisent pratiquement pas de dioxyde de carbone parce qu’elles en absorbent autant qu’elles en produisent, par exemple par la combustion. En plus de contribuer à diminuer le réchauffement climatique, les cultures non alimentaires renouvelables permettent de protéger les ressources naturelles : il y a moins de pollution car les produits et les déchets obtenus sont généralement biodégradables et la diversité de la faune et de la flore due à la diversification des cultures présente des avantages réels par rapport à la spécialisation dans une ou deux cultures.
Il est cependant important de pouvoir démontrer les avantages environnementaux. Nous sommes actuellement en pourparlers avec le gouvernement britannique pour élaborer un protocole afin d’effectuer des audits écologiques des cultures non alimentaires. Le Royaume-Uni a été au premier plan des initiatives menées pour faire avancer cette cause. Les agriculteurs et les chercheurs anglais travaillent avec des sociétés industrielles du monde entier afin d’identifier les opportunités de développement de nouveaux produits. Le gouvernement a apporté son soutien, en particulier par son partenariat avec le National Non-Food Crops Centre. Springdale Crops Synergies, sous la direction de son directeur général, Clifford Spencer, a ouvert la voie en faisant connaître les travaux réalisés au Royaume-Uni. De son siège situé dans le Yorkshire, Springdale a été au premier rang du développement des cultures utilisées dans la production de la fibre, du carburant et de l’énergie, des matériaux biocomposites et des produits oléochimiques, établissant des contacts avec l’industrie et cherchant de nouveaux débouchés. M. Spencer a également été invité par la Chine, le Chili et l’Éthiopie pour mettre en place l’infrastructure nécessaire pour ce nouveau concept d’agriculture.
Source : O.N.U. (UN.org)
Il est interressant de noter que l'on parle içi de sur-production mondiale. En rapport avec l'article premier cité par VNLover.
Citation:
Le droit à l'alimentation recule et que la faim dans le monde progresse. Chaque jour, 17'000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies liées à la malnutrition. Ce qui signifie qu'à la fin de l'année plus de cinq millions d'enfants seront morts de faim. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la faim a touché dix millions de personnes supplémentaires en 2004, pour atteindre un total de 852 millions dans le monde.
Ce constat doit être fait sur une planète qui regorge de richesses, a souligné Jean Ziegler, notant que les ressources disponibles pouvaient nourrir 12 milliards d'êtres humains, alors que la population mondiale actuelle en compte la moitié. Le massacre silencieux et quotidien opéré par la faim est un assassinat, a-t-il estimé. Il ne correspond à aucune fatalité et doit être éliminé. Le Rapporteur, évoquant les obligations extraterritoriales des Etats liées au droit à l'alimentation, a souligné que l'élimination de la faim et de la pauvreté n'est pas seulement une question de ressources à trouver; il s'agit également pour les gouvernements et d'autres acteurs d'éviter de prendre des mesures qui provoquent la faim, la pauvreté et les inégalités. Dans le contexte actuel de la mondialisation, le gouvernement national n'est pas toujours en mesure de protéger ses citoyens contre l'impact de décisions prises dans d'autres pays. Ainsi, il est prouvé que les subventions versées par des gouvernements à des agriculteurs créent un dumping agricole dans les pays du Sud, détruisant l'agriculture familiale et engendrant la faim dans le monde.
Réaction :
M. XIA JINGGE (Chine) a manifesté son inquiétude face à la question des subventions agricoles et leurs conséquences sur la jouissance des droits de l'homme. Nul n'ignore que dans bon nombre de pays en développement, l'agriculture est une industrie importante qui permet de garantir le droit à l'alimentation, a-t-il affirmé. Si on ne peut le faire, on porte atteinte aux droits de bon nombre de populations de pays en développement. Le Rapporteur a-t-il discuté avec d'autres organisations internationales, telles que l'Organisation mondiale du commerce, pour savoir si elles avaient décidé de mesures à prendre au sein des instances multilatérales ?
En réponse à la délégation de la Chine, Le rapporteur spécial a par ailleurs indiqué, que l'OMC croyait que la faim dans le monde serait éliminée grâce aux privatisations. Mais c'est le contraire qui arrive, a-t-il souligné, précisant que les discussions avec cette organisation se poursuivaient.
Source : Nations unies, Genève, 30 mars 2005.
et :
Citation:
Soudan : Jean Ziegler appelle les Etats Membres à financer le programme humanitaire de l'ONU
Jean Ziegler
9 mai 2006 – Se déclarant « profondément préoccupé » par les réductions drastiques sur les rations alimentaires imposées à des millions de Soudanais à partir du mois de mai, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, a appelé aujourd'hui les Etats Membres à financer l'appel humanitaire de l'ONU.
« Des millions de personnes dans la région du Darfour et de l'Est du Soudan, déjà vulnérable en raison de l'insécurité et des déplacements, recevront désormais des rations quotidiennes de 1.050 kilocalories, ce qui est moins de la moitié du minimum quotidien requis de 2.100 kilocalories par personne », indique un communiqué publié aujourd'hui à Genève par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
« C'est insuffisant pour se maintenir en bonne santé », précise le communiqué.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait annoncé à la fin du mois d'avril qu'il était forcé de réduire drastiquement les rations alimentaires au mois de mai (dépêche du 28.04.06).
L'agence des Nations Unies espérait ainsi que les stocks actuels pourraient durer plus longtemps durant la « saison de la faim », « c'est-à-dire la période entre juillet et septembre où les besoins sont les plus aigus en attendant la prochaine récolte ».
" Malgré les appels répétés aux donateurs, le PAM n'a reçu que 238 millions de dollars, soit 32% des 746 millions de dollars dont il a besoin ", rappelle le communiqué du HCDH.
"Un autre exemple, dans la Corne de l'Afrique où 15 millions de personnes sont menacés par la famine, Les nations Unies ont besoin de 98 millions de dollards pour les mois de juin, juillet, août. Elles n'en n'ont obtenu que 32 millions. Pourquoi ? Parce que les Etats donnateurs donnent désormais la priorité absolue aux investissements dits de sécurité.
Autrement dit, la guerre contre le terrorisme est maintenant payée par la mort des enfants du Soudan, de la Somalie et de l'est de l'Ethiopie.
Libéralisation et privatisation sans entrave provoquent la naissance d'un ordre absurde : en 2005, 100.000 personnes par jour sont mortes de faim ou de ses suites immédiates. Un enfant de moins de 10 ans est mort toutes les 5 secondes. 856 millions millions de personnes ont été gravement et en permanence sous-alimentées. Je le répète, il n'y a pas de fatalité : un enfant qui meurt de faim est assassiné. L'ordre du monde n'est pas seulement meutrier, il est aussi absurde : il tue, mais il tue sans nécessité.
Les 22 organisations spécialisées de l'O.N.U. (UNICEF, PAM, OMS...) font un travail remarquable. Mais les avancées milimétriques qu'elles réalisent chaque années sont annulées par la Banque mondiale, le FMI et l'OMC qui appliquent des stratégies néo-libérales : en maintenant la dette, en augmentant les intérêts, en imposant les privatisations et en affaiblissant l'Etat national. "
Sources: O.N.U. (UN.org)
Amis dépressifs, bon courage... :bigsmile: