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Discussion: Cavanna s'est fait la malle! Salut L'Artiste !

  1. #1
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    Par défaut Cavanna s'est fait la malle! Salut L'Artiste !

    François Cavanna, "le Rital", est mort

    le Jeudi 30 Janvier 2014 à 09:42 mis à jour à 11:00
    Par Guillaume Gaven



    François Cavanna (photo de 2006) aurait eu 91 ans le mois prochain. © SIPA - CAPMAN
    Ecrivain - Les Ritals, Les Russkoffs, Bête et méchant, c'est lui -, fondateur de Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo, il aurait eu 91 ans le mois prochain. Il était hospitalisé depuis quelques jours pour une fracture du fémur, et a souffert de complications pulmonaires.



    "C'est le grand prêtre de l'humour qui disparaît, mais Cavanna n'est pas tout à fait mort : Charlie Hebdo lui survit" : voilà comment Charb, l'actuel directeur du journal satirique, lui rend hommage.
    François Cavanna s'est éteint mercredi soir, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, dans le Val-de-Marne. Il aurait eu 91 ans le mois prochain. Il avait été hospitalisé pour une fracture du fémur, mais des complications pulmonaires ont eu raison de lui. Il avait révélé, dans un livre paru en 2011, Lune de miel, qu'il souffrait de la maladie de Parkinson.
    Cavanna, comme on l'appelait, était tout à la fois écrivain, dessinateur, journaliste. Il est effectivement l'un des fondateurs de Hara-Kiri en 1960, avec le professeur Choron, puis de Hara-Kiri Hebdo en 1969... qui deviendra Charlie Hebdo. Charb, toujours : "En créant Hara-Kiri dans les années 1960, il est à l'origine d'une mini-révolution dans la presse et dans la manière de rire. De nombreux humoristes lui doivent beaucoup sans le savoir."

    Au total, il a écrit près de 60 livres. Dont Les Ritals en 1978, dans lequel il raconte son "enfance merveilleuse" à Nogent-sur-Marne, dans la petite communauté italienne immigrée. Il y a aussi Les Russkoffs en 1979, le récit cette fois de son STO en 1943, expédié à Berlin, où il passe deux ans et demi dans les camps.
    Denis Robert préparait un film sur Cavanna, Jusqu'à l'ultime seconde, j'écrirai. L'auteur est évidemment sonné par la nouvelle... Il l'a dit sur sa page Facebook :




    Denis Robert





    C'est un sale coup. Je viens d'apprendre la mort de Cavanna au moment où nous faisions partir les premiers envois postaux pour le film. Je suis très triste. Un peu en colère aussi en repensant à tous ces cons qui l'avaient lâché et qui vont pleurer maintenant. On fera le film évidemment. Ce sera un beau film. Enfin, j'espère. Cavanna aimait l'idée que ce projet existe. Je le tenais au courant de nos avancements de vos lettres et mails. On venait de résoudre l'équation impossible du filmage. On devait filmer son réapprentissage de la marche. Pour Cavanna c'était très important de se tenir debout, de marcher. Il ne supportait pas l'idée du fauteuil ou du déambulateur. Il est mort d'épuisement hier vers 21h30. Des complications pulmonaires après son opération du fémur. Il ne mangeait plus depuis une semaine, avait du mal à respirer. Il a pu dire au revoir à Tita, à ses enfants et la ptite Virginie. Il était soulagé de partir. La veille, après avoir jeûné une semaine, il avait demandé de la bière et du saucisson. Il a mangé ça rageusement et en souriant. Ça va. Il a eu une belle vie. Je ne suis pas très bon ici pour lui rendre hommage. C'était un homme bon et supérieurement intelligent. Très drôle évidemment. La raison du film est qu'on ne l'oublie pas et que les gens comprennent que Cavanna a sans doute été celui qui a le plus apporté à l'idée de liberté et de liberté d'expression dans ce pays. Plus que tous, plus que n'importe quel autre écrivain, pamphlétaire, ministres, philosophes... Plus important que tous les penseurs, journalistes, humoristes qui veulent faire "bête et méchant". Il n'y avait pas un gramme de haine en lui. Jamais. J'écris ça vite. Le film s'appellera "jusqu'à l'ultime seconde j'écrirai". Et c'est ce qui s'est passé. Il grattait la semaine dernière des petits mots que Virginie déchiffrait. J'aime bien l'image de Cavanna sifflant une dernière bière avant de partir. Voilà la dernière photo prise de lui with mon Iphone. C'était juste avant la première attaque du fémur. Bon pied bon oeil François. Bonne bise à tous.











    François Cavanna, "le Rital", est mort - France Info


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  3. #2
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    Cavanna est mort





    Sale jeudi, sale matin, sale nouvelle. Cavanna est mort hier soir, 29 janvier 2014, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.
    Cavanna, vous savez, François Cavanna, celui qu'on pouvait de loin prendre pour un rigolo, ou pour un fort en gueule (parce qu'il en avait une, de gueule, avec ses belles moustaches gauloises, et qu'il hésitait rarement à l'ouvrir). Alors qu'il était avant tout un surdoué, doublé d'un increvable bosseur.
    Il était né le 22 février 1923 à Nogent-sur-Marne. Il avait fait le STO en Allemagne, où il avait «claqué la dalle» et perdu une oreille. Il avait fondé «Hara-Kiri» puis «Charlie Hebdo». Il était un monument national, en somme.
    Pour nous, il était surtout un écrivain, et un vrai: celui des «Ritals» et des «Russkoffs»; celui aussi de «Lune de Miel», ce chef-d'oeuvre où, début 2011, il revenait sur l'ensemble de son parcours, se souvenait de ses baignades de gamin dans la Marne, racontait ses humiliantes convocations de son père au «service des travailleurs étrangers» de la Préfecture de police, et réglait ses comptes avec sa maladie de Parkinson, cette «salope infâme».
    Cavanna aurait eu 91 ans le mois prochain. Reste sa gloire.

    Cavanna est mort - Bibliobs - Le Nouvel Observateur


  4. #3
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    François Cavanna : il avait fait de sa vie un roman


    DISPARITION - L'écrivain franco-italien est mort mercredi 29 janvier. En 1978, son roman autobiographique, Les Ritals, avait révélé son talent iconoclaste au grand public. Il a reçu le prix Interallié en 1979.














    Les nostalgiques de Mai 68 viennent de perdre une icône. François Cavanna était certainement le plus brillant des auteurs iconoclastes qui ont fait leurs armes à Charlie Hebdo et Hara-Kiri. Cet immigré italien revendiqué écrivit en 1978 une autobiographie, Les Ritals, qui fut saluée par ses plus farouches contempteurs. Avec sa disparition, la langue française perd aussi l'un de ses plus farouches défenseurs.
    François Cavanna est le fils d'un Italien et d'une Française. Ce n'est pas anodin. Toute sa vie, il défendra avec âpreté sa double origine. Son père quitte l'Italie fasciste en 1939. Le petit François, né en 1923, est alors âgé de seize ans. À l'école, il montre déjà un goût prononcé pour la lecture. Il réussit son certificat d'études, ce qui, à l'époque pour un fils d'ouvrier, est une belle réussite.
    Quand Cavanna raconte Cavanna

    L'a-t-on oublié? Le dessinateur de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo fut également un grand écrivain. Parmi ses nombreux livres, deux récits autobiographiques ont particulièrement marqué les esprits. Les Ritals et Les Russkoffs qui décrocha le Prix Interallié en 1979.
    Les Ritals narraient les jeunes années d'un petit garçon en banlieue, à Nogent-sur-Marne. Ce témoignage a beaucoup ému et symbolisait la vie des immigrés italiens en France durant l'entre-deux-guerres. À l'époque, Bernard Pivot, patron du magazine Lire en avait dit le plus grand bien: «Même que sa boîte noire - pour ce qui est de ses souvenirs de gosse entre six et seize ans - est pleine de choses drôles, émouvantes, débordantes d'affection et de joie. Y a-t-il un livre sur l'enfance qui sonne plus vrai que celui-ci?»
    Sur le plateau d'Apostrophes, Cavanna crie: «Bukowski, ta gueule!»

    Le fondateur d'Apostrophes l'a souvent reçu dans ses émissions: c'est dans l'une d'entre elles, en 1978, que Cavanna a crié: «Bukowski, ta gueule!» Il faut dire que le dessinateur de Hara-Kiri était un bon client des médias. Ce drôle de bonhomme était aussi apprécié du monde des lettres. Avec Les Ritals et sa plume à la fois mélancolique, drôle et mordante, évidemment, Cavanna était reconnu en tant qu'écrivain.

    Dans Les Russkoffs, l'auteur ajoutait une partie à son récit autobiographique, cette fois, plus proche de l'âge d'homme, il contait le début de la guerre. Le fils d'immigrés italiens habite rue Sainte-Anne, à Paris. Son livre démarre en septembre 1939, l'année de ses seize ans, et se termine en 1945.
    Cavanna fut un auteur prolixe. Il a souvent fait de sa vie des romans. Parmi les livres que l'on peut citer, il y a Le Voyage (il imagine le voyage de Christophe Colomb perturbé par la présence d'une jolie voyageuse…). Lune de Miel, où il reprend sa veine autobiographique. Il y met ses souvenirs, ses méditations, mélés d'anecdotes savoureuses. Dans cet ouvrage, il n'hésite pas à parler de sa période de STO en Allemagne et donne une idée de l'existence d'un homme atteint de la maladie de Parkinson.
    Dans Cavanna raconte Cavanna, le préambule de ce livre illustre à merveille sa démarche littéraire. Il écrivait: «Quand j'étais enfant, tout en vivant ma vie je me la racontais. J'ai grandi. Un peu. Pas tellement. Et tout s'est mis à aller si vite que je n'arrivais pas à me raconter les choses au fur et à mesure. Alors, je les mettais de côté. Pour me les raconter plus tard, quand le tourbillon aurait pris une allure plus pépère. Ça n'est jamais arrivé. Alors j'ai raconté d'une main tout en me souvenant de l'autre. Finalement, je me suis bien amusé. À vivre. À me raconter vivre. Je vous en souhaite autant.»



    François Cavanna : il avait fait de sa vie un roman




  5. #4
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    Cavanna, Hara Kipleure









    L'écrivain, qui avait fondé «Hara-Kiri» et «Charlie Hebdo», est mort mercredi à l'âge de 90 ans.


    François Cavanna, dit «Cavanna», mort mercredi soir à l’âge de 90 ans, a dynamité le conformisme et le bon goût dans la France des années 60-80 avec les magazines Hara-Kiri et Charlie Hebdo, avant de s’imposer comme un écrivain populaire, sensible et truculent.
    François Cavanna, vieillesse amie

    • Par Luc Le Vaillant

    Grande silhouette de druide aux longs cheveux blancs, voix douce encore étonnée de ces années qui l’ont conduit de l’école à la guerre, Cavanna n’a cessé d’écrire pendant plus de cinquante ans. Journaliste, dessinateur, romancier, auteur de près de 60 livres, il a imposé un humour sans tabou ni limite, qui a influencé des générations de lecteurs.
    Fils d’un maçon italien, «le gros Louvi», et d’une Nivernaise, François Cavanna est né le 22 février 1923 à Paris. Mais son berceau, c’est Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) où il grandit dans la petite communauté italienne. «Une enfance merveilleuse», dont il tirera son grand roman, les Ritals, en 1978.
    A l’école maternelle, il se prend de passion pour la langue française. «J’ai eu la chance d’être un enfant de pauvres, on nous mettait à la maternelle pendant que les parents travaillaient. J’ai tout de suite été happé par l’écriture, l’imprimé. C’est devenu un vice, n’importe quoi d’écrit, je pouvais pas m’empêcher de le lire», déclarait-il à l’AFP en 2008.
    Maçon comme son père, il est raflé en 1943 et expédié à Berlin pour le service du travail obligatoire (STO). Il en gardera une aversion de la guerre, de l’armée, de l’autorité, dont il fera ses cibles préférées. Avec les curés, les sportifs, les chasseurs, les cons ou la corrida. De retour en France après deux ans et demi de camp, il rencontre Liliane, une rescapée de Ravensbrück, qu’il épouse. Mais la jeune femme, «mal ressuscitée» de ses années de déportation, meurt quelques mois plus tard.
    Seul et désespéré, il abandonne les petits boulots pour se lancer dans le dessin de presse. Un métier qu’il exerce pendant douze ans. Avec un joli coup de crayon, influencé par Dubout et les comics américains.
    À lire aussi : Le portrait de Cavanna paru dans Libération en 2008 et l’entretien qu’il avait accordé à Libération en 2009
    «L’humour coup de poing dans la gueule»

    Mais la grande aventure de sa vie, c’est Hara-Kiri, le mensuel qu’il crée en 1960 avec le futur professeur Choron. «Nous voulions faire un journal où nous n’aurions aucun contrôle, où on pourrait faire de la qualité», expliquait-il. Ensemble, ils inventent «l’humour coup de poing dans la gueule». «L’humour fait mal, il fait ressortir le fond des choses et l’étale au grand jour. C’est une façon cruelle de dire les choses cruelles, sans les envelopper», prônait ce partisan du délire intégral, «fier, merde, et pas qu’un peu» de son équipe.
    «Il était lui-même dessinateur, c’est pour ça que ça a marché», se souvient Cabu, dans le coup dès le départ : «Il a vu ça avec l’œil du dessinateur.» Car son talent, c’est aussi d’avoir déniché les débutants surdoués - Reiser, Cabu, Wolinski, Gébé, Topor… - qui ont fait le succès du journal.
    A Hara-Kiri, la liberté est totale, les ennuis judiciaires assurés. Censures, amendes et interdictions pleuvront pendant toute la vie du journal. Dans Hara-Kiri, puis Charlie Hebdo, Cavanna donne libre cours à sa passion pour l’écriture. Les Ritals et les Russkoffs, prix Interallié 1979, consacreront le vieil épouvantail à bourgeois comme un écrivain stylé, profondément humain.
    Vidéos : Les coups de gueule de Cavanna (cliquez sur la photo)


    A plus de 85 ans, Cavanna, éternelles moustaches toujours plus blanches, tenait toujours une chronique dans Charlie Hebdo. Un peu déçu par l’évolution du dessin de presse, trop voué disait-il à la politique : «On se contente de peu. Hara-Kiri, c’était à l’occasion politique, mais dans le cadre plus large de l’humour de société.» Pas de regret pourtant, pour le petit «rital» de Nogent : «On s’est bien amusé. On bossait comme des malades, mais on se marrait comme des fous.»


    L’écrivain, qui souffrait de la maladie de Parkinson, s’était confié sur sa pathologie en 2011. De la maladie, qu’il appelait «miss Parkinson» et qui avait fait l’objet d’un livre paru chez Gallimard en 2011, Lune de miel, il disait : «Il faut s’occuper, sans quoi on pense. Il ne faut pas penser. Je m’occupe, je me suis juré de reconquérir une écriture lisible. Je crois vous l’avoir dit, miss Parkinson ne se contente pas de saloper l’écrit, elle le rend minuscule, à la limite du visible… Ce fut une dure, une longue bataille… Si vous pouviez voir le gribouillis que barbouille mon stylo, en ce moment même ! Mais je lutterai, j’ai besoin de parler ou je meurs. Ma parole, c’est l’écriture. A la main. Tant que je pourrai écrire une ligne, je serai présent parmi les vivants. Elle ne m’aura pas.»
    Le chef de l’Etat, François Hollande, a rendu hommage à «un écrivain qui a fait de la liberté son inspiration et de l’engagement son style». «Ce fils d’immigré italien a merveilleusement servi la langue française : depuis les Ritals jusqu’à Lune de miel, son dernier récit où il parlait avec franchise de sa maladie», ajoute-t-il. Selon le Président, «son nom restera aussi indissolublement lié au lancement de Hara-Kiri, qui par son impertinence et ses provocations a secoué la société française». «François Cavanna était aussi un homme de conviction qui n’a jamais cessé de se battre pour de justes causes», relève encore François Hollande.


    Cavanna, Hara Kipleure - Libération


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    Encore heureux qu'on va vers l'avenir


    François CAVANNA 12 janvier 2008 à 01:56

    SAMEDI.
    Raté
    Je l'aurais parié. Bien ma veine ! Je me voyais débarquer en fanfare, un scoop comac (les termes de métier vous seront expliqués en bas de page), tout Libé sur le cul, j'étais archi-prêt, tendu sur les starting-blocks tel l'aigle royal prêt à se laisser tomber du haut des cieux sur un reste de raviolis à la tomate. Le scoop, je l'avais bien en main. Je le voyais mûrir, là, sous mes yeux. Il serait à point juste pour mon apparition dans Libé. Et crac ! Ces andouilles m'ont tout gâché. Trop pressés. Benazir, la belle, l'adorable Benazir, ils me l'ont tuée trop tôt. Beaucoup trop tôt. C'était ma princesse Diana à moi. Je me la gardais sous le coude. Qu'ils la tueraient, aucun doute, certitude absolue. Elle était faite pour ça. Pour moi. Seule, la date. Mais j'avais fait mes calculs. En psychologie des masses, c'était bon pour ce samedi. Et voilà ! Un sombre fanatique, ou va savoir quel morveux qui aura reçu une panoplie de terroriste pour Noël ou quoi que ce soit qu'ils appellent Noël au Pakistan. Elle avait tout, vous savez. La victime parfaite, adorée d'un peuple aux sentiments excessifs, belle à tomber à genoux devant, avec juste la touche douloureuse que pose le destin sur ceux qu'il voue aux amours posthumes et nationales. Bon, c'est raté, quoi. Je ne sais pas si vous me lirez demain. Je boude.
    DIMANCHE
    Le ciel est muet
    Le côté triste d'une fête, c'est qu'elle va finir. Son côté ensoleillé, c'est qu'elle va recommencer l'année prochaine. La fête de la Dernière Cigarette fut une fête sans espoir. Ce jour-là, il y en eut qui, dans leur enthousiasme désespéré, coururent aux excès. Je n'ai pas tenu la craie, mais je parierais qu'un champion battit le record du plus grand nombre de cigares fumés en un laps de temps soigneusement homologué - et en creva, en héros. Mais la fête, c'est déjà du passé. Aujourd'hui, dimanche, l'actualité braque son fanal ailleurs. Sur les glorieux vainqueurs d'hier qui gagnèrent par leurs exploits sportifs un cancer du fumeur de la variété accélérée. Ce n'est pas tout. Si l'on peut dire qu'après tout ces arrogants rebelles l'avaient bien cherché, de quels pleurs n'accompagnerons-nous pas ces autres victimes dont la cause, pourtant, était hautement louable ? J'ai nommé les ex-fumeurs, convaincus du bien-fondé de l'action du gouvernement, et qui ont, à la seconde précise, en un garde-à-vous fier et conscient, craché au loin le dernier mégot de la dernière clope qu'ils s'étaient octroyée. Ceux-là tombent aujourd'hui comme des mouches, frappés en plein ciel de gloire par l'impitoyable cancer du sevrage du fumeur. J'ai longuement médité sur toute cette tristesse en regagnant, rêveur, mon humble logis. Aucun aphorisme utile à mes semblables ne descendit du ciel sur mon front brûlant. J'en conclus donc que mon avis importait peu, et je m'en tins là.
    LUNDI
    Angélique
    Où va-t-on ? Voilà que les Amerloques se mettent à n'être plus conformes aux prédictions des faiseurs de pronostics ! Hillary Clinton, donnée pour vainqueur haut la main aux préliminaires de l'Iowa, se fait étendre dans la bouse comme une vulgaire Ségolène. Je me retiens de jubiler. Va savoir pourquoi ? Après tout, elle ne m'est rien, cette bonne dame en tailleur rose mort-né, au sourire trop honnête pour être aimable, enveloppée de la tête aux pieds de l'angélique clémence de l'épouse fidèle au poste bien que. Elle porte sa dignité en grand cordon de la Légion d'honneur (ont-ils ça, là-bas ?), couperosée comme un pot de géranium qui s'est retenu au dernier moment de tomber de la fenêtre. Et qui est le vainqueur de cette petite répétition ? Un Noir. Je ne m'en étais pas aperçu.
    MARDI
    Carnet mondain
    Nicolas Sarkozy annonce aux journalistes, premièrement qu'il fréquente pour le bon motif (du «sérieux») et deuxièmement qu'il ne nourrit nullement l'ambition de fonder une dynastie. Mademoiselle Carla Bruni apprend donc dans la même minute qu'elle va se marier et qu'elle ne sera jamais reine de France. Elle se tâte.
    MERCREDI
    Une rose
    Vous qui me connaissez, vous pensez bien que, pour moi, la Bibliothèque nationale ne saurait être que le cher vieux machin de la rue de Richelieu, son velours grenat, ses lustres à pendeloques, ses abat-jour de célamine verte et sa senteur de rat studieux à nulle autre pareille. Oui, mais c'est aux silos à betteraves de Tolbiac qu'ils sont allés coller leur tant vantée expo de «l'Enfer». Donc. Je ne vais pas vous expliquer ce qu'est «l'Enfer» d'une bibliothèque, ne comptez pas là-dessus. Sachez seulement qu'en des temps où sévissait la censure, c'est-à-dire depuis que l'écriture existe et jusqu'à avant-hier ou le jour immédiatement avant, on y enfermait sous clef des livres trop ceci trop cela pour être lus, le ceci ou le cela tenant, généralement, à la religion ou à la politique. On y enfermait aussi les oeuvres de cul. Cela servait à l'institution de garant moral. Comme je vous disais, avant-hier ou le jour d'avant, l'Autorité - Quelle ? T'occupe. Mets la majuscule et ouvre les yeux. L'Autorité -, estimant que, tout soudain, la foule est devenue adulte, ouvre «l'Enfer». En fanfare et muséographie (ou logie ?). Foule d'accourir. Pour la politique, la religion ? Pour lire enfin ce qui a conduit tant de braves types au bûcher ? Tu rigoles ! Pour le cul, Madame, mais oui ! Le cul, le gros cul bien fumant et tout ce qu'on peut faire avec. Je vais vous avouer : je m'y suis emmerdé. Oh, je vous entends d'ici : «On savait que t'allais dire ça, snob et con comme on te connaît !» C'est même pas vrai. J'ai simplement constaté que les bonnes femmes des siècles passés étaient - non, pas des grosses vaches - mais des espèces de boudins blancs, mous des fesses, tristes des nichons - même quand ils étaient jolis, rien à voir -, que leurs dessous sentaient la vieille pisse et le feu de cheminée. Le pire du pire : les jarretières boudineuses de cuisses, ornées - ignominie suprême - d'une rose. Une rose ! Si, quand même. Tout n'était pas à chier. Le pli charmant de leurs aisselles celait un trésor moussu et, lui, odorant de bonne odeur. Très émouvant. Cela les rachète quelque peu. A part ce détail, rien à voir avec les déesses d'aujourd'hui, heureux galants que nous sommes ! Quant aux facéties plus ou moins sexuelles et sacrilèges auxquelles des lansquenets moustachus ou des moines couillus soumettaient ces truies, j'aime mieux ma mie ô gué, j'aime mieux ma mie !
    JEUDI
    Prospective
    Nous avons l'avantage appréciable d'appartenir à la première, parmi des grandes civilisations, qui sache comment elle mourra : étouffée par ses propres ordures. Une statistique ni plus ni moins crédible qu'une autre donne ces précisions : 90 % des déchets vomis jour après jour sur les trottoirs sont constitués d'emballages exubérants destinés à valoriser des marchandises fort banales, ainsi que de prospectus et de catalogues non moins somptueux. La ville de Naples tient la tête de la compétition. Nous avons tenu à interroger un de ses habitants avant qu'il ne disparaisse tout à fait (le niveau de pollution atteignait sa lèvre inférieure) : «Ne préféreriez-vous pas acheter tout en vrac ou dans des emballages sommaires plutôt que subir cela ? - Ah, non, alors ! Voyez comme c'est beau, toutes ces couleurs, ces formes étranges ! L'emballage dure plus que l'objet, le rêve plus que le désir ! C'est le luxe, Monsieur, le luxe des pauvres gens ! C'est Noël toute l'année ! On ne pousse même plus les ordures sous le tapis, on pousse la maison sous les ordures.»
    VENDREDI
    L'attente
    Aujourd'hui, j'ai attendu les Chinois. Toute la journée. Nous devrions tous attendre les Chinois. C'est la seule chose à faire. Puisqu'ils viendront. Il faut être réalistes. Ils viendront, ça, c'est sûr. Quand ? Plus tôt qu'on ne pense. Ils font tout toujours très vite. Et sans prévenir. Et sans bruit. Ils portent des espèces de chaussons en ficelle, au mépris des conventions de Genève. Et les ordres, ils les donnent par l'alphabet des sourds-muets. Il faut tenir compte des guerres passées. Tirer les leçons de l'Histoire. Sinon, à quoi elles serviraient, toutes ces guerres qu'on a perdues ? C'est comme, tenez, c'est comme ces expériences abominables qu'Hitler a faites sur les Juifs. Si on n'utilise pas les résultats de ces expériences vraiment scélérates sous prétexte qu'elles étaient scélérates, justement, alors, EN PLUS, tous ces pauvres gars sont morts pour rien. Quel gâchis ! Les Chinois sont déjà presque les maîtres du monde. Rien que leurs chemises, tenez ! Dix fois moins chères que les nôtres, prix sortie d'usine, taxes comprises. Ah, mais, pas de treizième mois, juste une semaine par an au mois d'août pour la tour Eiffel au galop. La plus grande armée qu'il y ait jamais eu au monde, quand ils voudront. Il faut être prêt. En 1940, ils ont été pris de vitesse, nos grands-pères. Alors, il y en a, ils ont fait la Résistance. Ils ne savaient pas. Dès qu'ils avaient vu les chemises made in Germany envahir les boutiques, et pas chères, en plus, ils auraient dû flairer qu'il y avait là-dessous de la race de seigneurs en train de prendre son élan. Tôt le matin, je fais de la gymnastique. Ça leur plaît bien, la gymnastique. Je porte une chemise chinoise, pas une qu'ils nous vendent, une comme celle qu'ils portent, eux, et qu'ils font faire chez Armani, au Japon. Des petites choses, mais qui vont droit au coeur. Vous voyez, l'avenir, ça ne s'improvise pas. Ça se prépare. J'apprends le chinois. J'espère être contremaître.
    François Cavanna
    Né en 1923, François Cavanna vit son enfance à Nogent-sur-Marne parmi les maçons italiens immigrés de la région de Plaisance (les Ritals). Postier à 16 ans, puis maçon avant d'être raflé pour le STO, il s'improvise dessinateur «humoriste», fonde, avec Choron et Fred, Hara-kiri puis Charlie Hebdo. L'envie d'écrire lui étant venue, il publie une cinquantaine d'ouvrages, dont l'Aurore de l'humanité, qui vient de paraître (éditions Hoebeke). Il partage sa vie entre Paris et la Seine-et-Marne et continue à dévorer du curé, du chasseur, de la pub et d'autres monstres chaque semaine dans Charlie Hebdo.
    Tous les samedis, l'actualité vue par un intellectuel, un écrivain, un artiste.
    La semaine prochaine : Christophe Honoré.

    CAVANNA François



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