Envoyé par
yen
Du fond, de ta mémoire, Mère.
Mère, parllez-moi du Pays d'où je viens,
Par de là les berges jaunies, du grand fleuve rougeâtre
Bidonvilles oubliés blottis dans leur souffrance,
Sous le pont émacié de dentelle, rouillé,
Seules nous irons,
Et n'aurons pour compagnes,
Que le cri plaintif de l'aigrette blessée,
Et le râle poussif, du vieux sampan branlant
Déchirant le silence.
Mère, nous chercherons,
Dans le clair-obscur du quartier des trente six rues,
Orpheline à jamais du rire des enfants exilés.
La maison des Ancétres,
Sombre et décrépie, au détour d'une rue,
Elle rouvrira por nous, ses deux vantaux brisés,
Et de nos pieds glacés, nous foulerons encore,
Les carreaux de ciment, dessinant des étoiles,
Sous le regard aimant, des visages oubliés.
Mère, écoutez, le grelot argentin, du cyclo qui nous héle,
Où courrez vous , si vite, cyclo de Hoa Kiem?
Dites-moi , je vous prie, attendez!
Qui se cache, dans cet écrin de pastel arc-en-ciel,
Parés de flamboyants et de bambous naissants,
Scintillant de mille feux, au crépuscule d'argent,
Sur les eaux émeraudes, frémissantes du Petit Lac,
Intemporellement fidèle,
C'est le petit pagodon,
Où bat le coeur d'Hà Noi.
Hanoi décembre 2008