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Discussion: Hommage aux Anciens Travailleurs Indochinois réquisitionnés en 1939/1945

  1. #21
    Avatar de thuong19
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    Par défaut Un article de Nguyen Dac Nhu Mai

    Nguyen Dac Nhu Mai est Viet Kieu, vit à Paris, Universitaire, Chercheuse,(en retraite) et Présidente de l'Association pour la Promotion des Femmes Scientifiques Vietnamiennes (APFSV).
    Elle a écrit un article qui devrait paraître prochainement dans le Courrier du Viêtnam.
    TRAVAILLEURS INDOCHINOIS : DES EXILES MALGRE EUX A ARLES[1]

    Pour la première fois, la ville d'Arles[2] se souvient de ceux qui ont fomenté sa richesse en hommes et en riz, céréale repiquée sur une terre salée. Alors, elle rend un hommage inédit le 10 décembre 2009 aux Travailleurs Indochinois, ces exilés malgré eux, qui sont venus développer le riz et récolter le sel en Camargue durant la Deuxième guerre mondiale. Ces immigrés de force[3], étaient oubliés depuis les années 1939 et dans les mois qui ont précédé la défaite de 1940.

    La cérémonie a été précédée par une rencontre-débat au Méjan, le 9 décembre 2009 concernant ces travailleurs, des Linh tho. Plus de cent invités et des Arlésien(ne)s ont écouté, échangé et communiqué maints détails sur ces hommes et leurs familles. Des récits très émouvants des enfants de ces ni civils ni militaires, à la recherche de leur "moi" car détenteurs des cultures de deux civilisations. En effet, la deuxième génération, voire la troisièmes issues de ces hommes venus d'ailleurs s'est intégrée à la nation française. Même, les descendants constituent des personnalités connues de la "diversité" sociale, économique et politique de la France d'aujourd'hui. Mais, eux, tout en étant Français, veulent fortement être la jonction des deux rives.

    Nous nous penchons sur cet itinéraire imaginaire pour voir leur impact sur la conjoncture française contemporaine.

    Reconnaissance et réhabilité

    L'hommage du maire d'Arles "Pour les derniers de ces hommes encore vivants, a été très fort en émotions et en éloges. Cependant aucun des quelque 20.000 "ouvriers non spécialisés" (ONS, "linh tho" en vietnamien) venus au total d'Indochine n'a obtenu de pension pour les années travaillées en France, durant lesquelles ils touchaient, moins du dixième du salaire d'un ouvrier français[4]. La plupart de ces hommes, sont retournés au Vietnam après la guerre mais une trentaine encore vivant en France sont venus à Arles avec leurs familles et leurs amis de Vénissieux, Paris, La Grande Motte, Allauch, Marseille, Boulogne Billancourt, Montpellier, Colombes et Cavaillon pour recevoir la médaille du souvenir. Deux médailles ont été remises à titre posthume aux enfants[5].

    Tous les linh tho ont été recrutés en 1939, la plupart de force, par le ministère des Colonies pour les usines d'armement françaises, comme déjà durant la Première guerre mondiale. Après la démobilisation, le rapatriement d'une partie de ces hommes a eu lieu dans l'année qui a suivi l'armistice et a duré jusqu'aux années 1950, 1952. A la débâcle de juin 1940 ils ont compté environ 20.000 hommes répartis en 73 compagnies, composées de 200 à 250 travailleurs originaires de la même province. Bien que ni civiles ni militaires ces compagnies ont été encadrées par d'anciens officiers des Troupes Coloniales dont l'attitude méprisante, brutale n'a été guère appréciée de cette main d'œuvre habile, docile et bon marché. Cependant, plus de 14 000 de ces travailleurs sont restés en France[6].

    Des témoignages de visu apportés par les enfants, détenteurs de souvenirs, livres, photos et correspondances sont aussi des échos vigoureux de cet adage "quand tu manges un fruit n'oublies pas celui qui a planté l'arbre". Des rappels au devoir de mémoire dont l'un d'eux a écrit "alors que la plupart de ces hommes ont disparu, seule importe aujourd'hui leur dimension humaine et historique. Mon témoignage pour sa modeste part, constitue la première pierre d'une stèle commémorative en souvenir des Vietnamiens mis au service de la France durant les années noires de sa longue Histoire. Je rêve de la voir ériger aux abords des Rizières de la Camargue en Provence. Il nous appartient simplement de rendre hommage et justice à ces Nhà Quê - paysans Vietnamiens - en inscrivant leurs mérites, leur dévouement, leur solidarité au sommet de l'organigramme de votre Musée du Riz. Ce sera tout à votre honneur[7].

    Une stèle et/ou une rue pour devoir de mémoire? Cette modeste demande semble-t-elle convenir aux élus de la Républiquepour ces oubliés de l'Histoire?

    Les descendant des exilés malgré eux.

    Lors de cette rencontre des deux jours, où la jeune génération n'a pas hésité à poser des questions, à lire des lettres adressées au maire et à montrer des photos de leurs familles ici et au Vietnam, il nous semble intéressant de relever deux traits spécifiques :
    - D'une part, une discrète retenue pour ce qu'elle estime personnelle et familiale et ne devant donc pas être portée sur la place publique.,
    - D'autre part, une grande fierté que les contributions sociales et économiques de leurs pères à la France, soient réhabilitées et reconnues.

    En effet, la deuxième génération souhaite transmettre cette mémoire et insiste sur la réalité de cette époque, en toute simplicité pour que les souvenirs ne s'envolent pas à en croire ces lignes … les travailleurs indochinois en France, furent envoyés sur les rizières pour apporter leur savoir faire et créer le riz camarguais tel qu’on le connaît aujourd’hui, d’autres travaillèrent dans l’exploitation du sel. "Notre père, lui, s’occupait du côté administratif et habitait aussi dans les baraquements que l’on voit encore à Faraman". Des conditions de vie difficiles où perce pourtant un rayon de soleil. Leur père rencontre leur future mère, la fille du métayer, employée à nourrir les ouvriers des salins. Après un aller-retour à Fréjus en 1942, affecté à la construction du mur de la Méditerranée, et la naissance de Richard, le couple Trinh revient à Salin en 1946, après avoir obtenu la levée de réquisition et s’y marie. Les trois frères de retour en Camargue grandissent à Faraman. "Il y avait au moins 40 familles, italienne, espagnole… Pour nous, c’était l’ambiance de la guerre des boutons ! On allait à Beauduc, on pêchait, on laissait échapper les taureaux, les chevaux, on se baignait dans les roubines, c’était la liberté". Leur père évoque peu les années de guerre : "Il ne voulait pas que son passé ni sa race ne prédominent sur notre destinée. Et même si on faisait la fête du Têt, on n’a pas appris à parler vietnamien. Nous n’étions pas déchirés entre deux cultures, même si petits on nous a parfois traités de “mangeurs de chats”. Dès 1958, la famille retourne à Salin. C’est ici que notre père a été enterré selon la coutume vietnamienne", souffle Claude. A Faraman City comme l’indique le panneau, les souvenirs affluent devant la maison du grand-père ou même de celle de leur enfance. Richard, Claude et Fabrice, les trois Camarguais ne transmettent que la mémoire de leurs ancêtres dont certains – quelques centaines – façonnèrent la Camargue actuelle à travers ses rizières ou donnèrent un sacré coup de main pour la production de sel[8]

    La jeune génération et tous les participants présents espèrent que cette commémoration dont Arles peut être fière sera la première d’une longue liste en France. Pour que le passé soit regardé en face.

    Questionnements de l'imaginaire de la continuité

    Si certains descendants de ces travailleurs naturalisés Français se sont intégrés au sol qui les a vus naître et font partie des cadres supérieurs …et même des professeurs agrégés, il en est d'autres qui se cherchent encore une porte de sortie du côté psychologie identitaire et choix du réel. Psychologie des valeurs de la République ou choix de la plaque identitaire? Généalogie et recherche des pères repartis chez eux, en les laissant seuls avec leurs mères ou dilemme de la double origine?

    Par ailleurs, sans haine raciale ni chaleur confortable, la jeune génération se doit d'être optimiste. Il leur reste encore un long parcours pour être bien dans leur tête et dans leur peau de Métis. Le métissage a la pertinence du beau et de la continuité dans l'imaginaire des acquis de vie. Vivre c'est choisir. Et les victimes Vietnamiennes de la dioxine[9] eux, ont choisi de vivre une vie décente, sans état d'âme… Les soutenir dans leur quête de la Justice est un impératif de la conscience humaine et de cette imaginaire de la continuité pour les descendants des gens qui n'étaient rien et maintenant on se souvient de nous[10]!

    Nguyen Dac Nhu-Mai
    Présidente Apfsv
    Association pour la Promotion des Femmes Scientifiques Vietnamiennes
    [1]cf site : www. travailleurs-indochinois.org. et article Mon Père et les travailleurs indochinois : MOIhttp://roukyben.over-blog.com/article-22312091.html -


    [2] Arles, capitale de la Camargue est situé à la séparation du Rhône et du petit Rhône et à l'intersection de 2 grands axes de l'Europe occidentale (route de la vallée du Rhône et route Italie-Espagne) d'où relai social, économique et culturel de l'Union européenne..

    [3] par Pierre Daum, Editions Actes Sud, mai 2009. et Notes de lecture "à propos d'un livre" de Pierre Brocheux et de Hà Vinh Phuong in Carnets du Vietnam N°23, octobre 2009 pp.18-20

    [4] Selon Gilles Manceron l’État n’a eu que l’attitude de l’ignorance et du mépris. Très vite, cela a été symbolisé par la réponse en 1991 de Michel Charasse alors ministre du Budget auquel on avait demandé si les travailleurs Indochinois pouvaient bénéficier d’une part de retraite, il avait rétorqué qu’ils n’avaient pas cotisé. Or on le sait, cette main d’oeuvre a eu un rôle prépondérant comme ici dans l’histoire de la Camargue. Le chemin jusqu’à la commémoration a été long et difficile. Mais c’est bien que cela intervienne maintenant".


    [5] MM. Bui Van Diem, Dinh Phung Kieu, Le Ba Dang, Le Chau, Le Van Phu, Pham Van Nhân, Thiêu Vân Muu, Tran Tan, Tran Van Trinh et Nguyen Trong Hoàn..

    [6] cf. récente bibliographie et " Itinéraire d'un petit mandarin" de Le Huu Tho, Edition l'Harmatan

    [7] Le Huu Tho, lettre au Directeur du musée du riz à Arles

    [8] LDH - Toulon -article de la rubrique histoire et colonies : la France et son passé colonial
    6 décembre 2009

    [9] Voir verdict du Tribunal international d'opinion de Paris 15-16 mai 2009 organisé par l' Association internationale des Juristes démocrates et pétition à signer et à faire circuler in http://www.vietnam-dioxine.org

    [10] Le Ba Dang, par Agathe Westendorp in La Provence, jeudi 10 décembre 2009 p.4.


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  3. #22
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Ti Ngoc
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    Merci anh Thuong d'avoir posté la photo de Bàc PHAM VAN NHAN avec Pierre Daum.



  4. #23
    Invité Avatar de Niko33
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    Bonsoir à toutes et à tous,

    Voici quelques jours que la première reconnaissance des "Travailleurs Indochinois" ces produite. Une émotion énorme a envahie la salle avec la présence de 10 Travailleurs Indochinois âges aujourd'hui d'environs 90 ans. A travers mon ami Thuong, qui ma indiqué la présence de Mr Doan, non loin de mon domicile qui malheureusement le poids du passé est trop dur pour lui , a en rejeter toute discution.


    Je voudrais remercier Thuong, pour cette investissement de cette mémoire. Je vais faire une petite présentation de moi, et dans la rubrique mémoire d'ancien, le tracé de vie de mon grand-père ONG Toang.

    Je m’appelle ONG Nicolas, j’ai 27 ans, je vis en banlieue Bordelaise où je suis conducteur de tramways. Passionné de généalogie, j’ai entrepris des recherches du côté de ma branche paternelle, à propos de laquelle je n’avais aucune véritable information. Ces racines sont vietnamiennes.

    Ayant un père absent, je n’ai malheureusement aucune culture, ni même vécu dans un milieu Eurasien. Dans ma quête, j’ai envoyé un message, il y a environ un an sur un site de généalogie. C’est sur ce site que mon ami Joël Pham m’a proposé son aide. Je lui ai indiqué le peu de choses que je savais sur mon grand-père, mais cela a suffit pour retracer le chemin et l’origine de sa venue en France dans le cadre de la M.O.I.

    Des liens se sont tissés avec Joël que je remercie vraiment ; il est comme un père pour moi.

    Maintenant je me sens très concerné par cette quête de mémoire

    J’ai, en parallèle, recherché ma famille au Vietnam avec comme seules pistes deux lettres en Vietnamien provenant une des USA et l’autre du Vietnam. Lettres datant de plus de 10 ans. Mais cela a suffit avec la chance et l’aide de quelques généalogistes ami(e)s pour retrouver le frère cadet de mon grand père. J’ai eu cette joie il y a 3 jours met j’ai appris en même temps l’existence d’une de ses petites filles qui vit au Vietnam et avec qui je peux correspondre sur le Net

    Je remercie l’ensemble de ceux qui pourront perpétuer la mémoire des ONS et donner de leur sueur pour la reconnaissance de cette période.

    Nicolas ONG

  5. #24
    Invité Avatar de vyalea
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    Citation Envoyé par thuong19 Voir le message
    Une salle comble, des interventions de
    Gilles Manceron
    (Historien spécialiste de la colonisation et vice président de la Ligue des Droits de l'Homme),

    Pierre Daum journaliste et auteur du livre Immigrés de force les travailleurs indochinois en France (1939-1952),

    Richard Trinh
    un des trois fils de Trinh Xûan Bô ,travailleur réquisitionné maintenant décédé,

    et de Joel Pham (Zaoky) créateur du site incontournable: A la mmoire des travailleurs indochinois en France.

    Suivra le débat avec des témoignages, des questions, des interventions de personnes aussi diverses que des responsables de revues (Dominique Foulon de Carnet du Viêtnam, Carnets du Vietnam,Indochine,Hanoi,Ho Chi Minh ville,Saigon, ), d'enfants français de Riziculteurs de Camargue se souvenant de cette époque,de travailleurs des salines de Salin de Giraud, d'enfants de travailleurs indochinois réquisitionnés,de Lê ba Dang qu'on ne présentera plus tant les médias lui ont fait la cour- normal - un peintre de renommée internationale .
    Mais la présence de Thuy (elle me pardonnera si je me suis trompé sur son prénom), jeune étudiante Viêtnamienne en Cinéma à Angoulême qui filmait la conférence et qui dans un français encore mal maitrisé posait la question aux responsables du débat :
    "Mais qu'attendez vous que le pays fasse pour vous ?.."avait quelque chose d'insolite.
    Quel pays? la France, le Viêtnam ou les deux ?
    Avant de venir à cette conférence, Thuy n'avait même pas connaissance de ces faits qui font partie de la longue histoire de la France et du Viêtnam.
    Entre des Français à qui on occulte cette page de leur Histoire (et c'est pas en supprimant l'enseignement de l'Histoire en terminale scientifique qu'on arrangera les choses), et des Viêtnamiens qui ignoraient le passé douloureux de leurs ancêtres qu'on avait réquisitionnés à leur corps défendant, qui sont les plus à plaindre ?
    Il est grand temps de faire entendre la voie de la raison et de la vraie solidarité ; celle de nos deux peuples, en dépit des manoeuvres politico-électoralistes de nos gouvernants.
    Merci à Pierre Daum, Joel Pham, Myriam (fille de Lê Huu Tho), les frères Trinh,....et les autres que j'ai oubliés pour avoir mis sur la scène publique nationale et internationale cette période historique de la vie de certains de nos compatriotes (Français et Viêtnamiens): les travailleurs immigrés de force Indochinois.
    Vous avez posé la première pierre de façon magistrale, à chacun de nous de poser les autres.
    (et merci pour l'organisation remarquable)



    Thuy , l'étudiante Réalisatrice posant sa question.

    Nb. J'ai oublié de citer la présence dans l'organisation matérielle des 2 journées d'un autre membre de forumviêtnam :Nicolas ONG

    Monsieur,



    Il est vrai que je ne maîtrise pas très correctement le Français, mais la question que j'ai posé à la fin de la conférence était la suivante : "Quel message avez vous à transmettre aux familles des travailleurs Indochinois Vietnamiens " (Je peux si vous le souhaitez vous faire parvenir la vidéo pour confirmation). Donc je suis assez surprise de votre compte rendu...



    C'était une question volontairement large. Une réponse lapidaire m'a été apportée directement par Pierre Daum, répondant qu'ici dans cette salle tout le monde avait une pensée pour les Vietnamiens (anciens travailleurs), ce dont personnellement je doute... Mais en aparté, plusieurs personnes sont venues me voir pour me répondre à cette question, et je les en remercie. Il est vrai que cette commémoration était, de mon point de vue, très Française, sachant que la majorité des personnes directement concernées sont Vietnamiennes. A votre avis pourquoi aucun autre vietnamien que moi n'était présent à cette commémoration ? Je pense que c'est une bonne question !



    Pour ce qui est de la connaissance du sujet, je travaille dessus depuis plusieurs mois, depuis la sortie du livre de Pierre, dont j'ai personnellement fait une traduction en Vietnamien, et je me suis rapproché de Dzu Le Lieu, réalisatrice du seul documentaire existant à ce jour sur ce sujet (très bon travail par ailleurs), que j'ai aussi traduit. Ensuite, en septembre, j'ai filmé à la fête de l'huma, la conférence sur "l'enseignement du colonialisme" où Pierre Daum intervenait, bien avant tout ce tapage médiatique (heureux)....Je me suis aussi entretenu avec des anciens travailleurs indochinois au Vietnam, dont le discours ne résonne pas forcément avec celui présenté à Arles ! Je trouve dommageable pour la France qu'une médaille n'est pas été offerte par le Maire à titre général pour l'ensemble des travailleurs au Vietnam. Ils ont souffert certainement plus que les autres.... Mais en pleine crise d'identité nationale Française.... il est plus intéressant peut-être de féliciter l'intégration des anciens travailleurs présents.



    Pour ce qui est de ma formation j'ai obtenu une maîtrise en réalisation à l'Ecole Supérieure de Cinéma d'Hanoï, et après plusieurs années de travail pour la télévision Vietnamienne, Monsieur Bolot Ambassadeur de France au Vietnam m'a proposé, il y a deux ans, une résidence Artistique en France de six mois. Après, je suis rentrée au Vietnam pour travailler sur un film, et je suis revenue en France car j'ai été acceptée directement en Mater 2 de Réalisation Documentaire.



    Dans un premier temps j'ai présenté comme sujet de Master "Les travailleurs Indochinois", que j'ai soutenu plusieurs fois devant des universitaires. Donc je pense connaître un peu le sujet. Pour diverses raisons, je ne peux continuer ce sujet pour passer mon Master, mais plusieurs sociétés de production audiovisuelles sont intéressées par mon point de vue de jeune réalisatrice Vietnamienne. C'est pour cela que j'étais présente à Arles. Je pense que bien des questions fondamentales n'ont pas été abordées, et que cette commémoration en pose beaucoup d'autres.



    C'est effectivement une réussite, et bravo aux organisateurs.



    Et merci à toutes les personnes qui m'ont porté de l'attention, car il n'est pas toujours facile pour moi de s'exprimer à l'oral. Mais reconnaissez au moins que j'étais la seule représentante du Vietnam à cette commémoration, avec la simple envie de commencer à écrire cette histoire pour le Vietnam en tant que réalisatrice de documentaire.



    Cordialement



    Thuy Vy

  6. #25
    Avatar de thuong19
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    Citation Envoyé par vyalea Voir le message
    Monsieur,



    Il est vrai que je ne maîtrise pas très correctement le Français, mais la question que j'ai posé à la fin de la conférence était la suivante : "Quel message avez vous à transmettre aux familles des travailleurs Indochinois Vietnamiens " (Je peux si vous le souhaitez vous faire parvenir la vidéo pour confirmation). Donc je suis assez surprise de votre compte rendu...


    Bonjour vyalea,
    Je fais bien évidemment mon Méa Culpa pour avoir mal interprété ta question.
    Je t'ai envoyé ma réponse par Email, et afin qu'aucun malentendu ne subsite , je la poste ici.
    Bonjour Thuy Vy,
    je te remercie d'apporter cette correction.je m'excuse d'avoir mal interprété ton intervention.Je n'avais pas pris de note, j'ai ressenti ce que tu avais dis, et j'ai essayé d'en donner une traduction de mémoire (qui flanche, c'est l'âge, tu me pardonneras).Il est inutile de me donner de preuves, je crois mes interlocuteurs lorsqu'ils sont sincères, et ta sincérité ne fait aucun doute.
    Il est évident que je vais rectifier ton intervention sur ForumViêtnam .

    C'était une question volontairement large. Une réponse lapidaire m'a été apportée directement par Pierre Daum, répondant qu'ici dans cette salle tout le monde avait une pensée pour les Vietnamiens (anciens travailleurs), ce dont personnellement je doute... Mais en aparté, plusieurs personnes sont venues me voir pour me répondre à cette question, et je les en remercie. Il est vrai que cette commémoration était, de mon point de vue, très Française, sachant que la majorité des personnes directement concernées sont Vietnamiennes. A votre avis pourquoi aucun autre vietnamien que moi n'était présent à cette commémoration ? Je pense que c'est une bonne question !

    Tu n'as pas à douter de la pensée sincère des présents dans la salle pour les travailleurs indochinois (tes ancêtres).Et s'il y avait peu de Viêtnamiens dans la salle, (sauf des personnes engagées politiquement ou parfaitement sensibilisées au sujet) comme Mme Nguyen Dac Nhu Mai (de l'UGVF) ou le cinéaste Lam Lê, c'est parce que les viêtnamiens en général méconnaissent cette page de leur histoire . Il en est tout autrement de celles et ceux qui l'ont vécue soit directement soit par parents interposés.
    Les organisateurs avaient demandé à Mr l'Ambassadeur du Viêtnam de venir à ses journées. Je n'ai constaté que son absence . Il est très difficile pour les Viêtnamiens d'assumer ces relations du passé assez équivoques entre la France et son Ex-colonie (en fait colonie et protectorats).
    Je te rappelle que parmi les rapatriés au Viêtnam après la fin de la guerre, certains ont été jetés en prison (surtout au Tonkin).Le pays avait à cette époque,de la méfiance pour leurs compatriotes qui étaient parti "défendre la mère patrie : le France", alors que se dessinait la lutte pour l'indépendance et la fin de la colonisation.
    Mon père qui avait fait la guerre de 1914/1918 en France dans les Tirailleurs Indochinois (réquisitionné de force ou volontaire, je ne sais pas), a été interdit de retouner au Viêtnam, considéré comme traître à la patrie.Il n'y reviendra pour la première fois qu'en 1975, à l'âge de 80ans. Et pourtant il était un des actifs de L'union Général des Viêtnamiens de france (comme ma mère d'ailleurs) organisation de Viêtkieu qui a depuis sa fondation lutté en France pour la fin de la colonisation et la réunification du pays.

    Pour ce qui est de la connaissance du sujet, je travaille dessus depuis plusieurs mois, depuis la sortie du livre de Pierre, dont j'ai personnellement fait une traduction en Vietnamien, et je me suis rapproché de Dzu Le Lieu, réalisatrice du seul documentaire existant à ce jour sur ce sujet (très bon travail par ailleurs), que j'ai aussi traduit. Ensuite, en septembre, j'ai filmé à la fête de l'huma, la conférence sur "l'enseignement du colonialisme" où Pierre Daum intervenait, bien avant tout ce tapage médiatique (heureux)....

    Il serait intéressant, si tu trouves un éditeur, afin que la traduction du livre de Pierre Daum soit diffusé au Pays.Quant au film de Dzu Le Lieu '(les 3 Ky), il décrit bien la souffrance dont ont été victimes ces travailleurs arrachés à leur sol natal .
    Je me suis aussi entretenu avec des anciens travailleurs indochinois au Vietnam, dont le discours ne résonne pas
    forcément avec celui présenté à Arles !

    Il serait intéressant que tu développes tes ressentis.

    Je trouve dommageable pour la France qu'une médaille n'est pas été offerte par le Maire à titre général pour l'ensemble des travailleurs au Vietnam. Ils ont souffert certainement plus que les autres.... Mais en pleine crise d'identité nationale Française.... il est plus intéressant peut-être de féliciter l'intégration des anciens travailleurs présents.


    Mr Schavietti ,le Maire d'arles ne peut pas se substituer aux élus de la Nation. Contrairement à ce qui a été écrit par certains journaux , il n'est élu de la République qu'en tant que premier Magistrat de la Commune d'Arles. Et dans ses fonctions d'élu local, il ne peut intervenir que sur des sujets locaux ;et c'est ce qu'il a fait en rendant hommage aux Travailleurs Indochinois venus développer la Riziculture sur son territoire en Camargue (il a quand même associé les autres dans son discours).Et les travailleurs qui ont été honorés n'étaient pas tous riziculteurs en Camargue.
    Si tu lis mon topic sur Forumviêtnam, tu contateras que moi aussi j'aurai aimé que soient médaillés "tous" les travailleurs indochinois.Malheureusement "tous" n'ont pas pu venir.C'est le cas de Thin et Doan.


    Et merci à toutes les personnes qui m'ont porté de l'attention, car il n'est pas toujours facile pour moi de s'exprimer à l'oral. Mais reconnaissez au moins que j'étais la seule représentante du Vietnam à cette commémoration, avec la simple envie de commencer à écrire cette histoire pour le Vietnam en tant que réalisatrice de documentaire. Cordialement Thuy Vy

    J'espère ne pas avoir été trop long, et pourquoi ne pas continuer à débattre sur forumviêtnam (il faut que tu sois membre pour discuter).Et merci de ta franchise et de ta gentillesse pour participer à cette discussion, qui ne fait que commencer.A savoir, quels sont les ressentis des jeunes Viêtnamiens du pays sur cette période de notre histoire commune (franco-viêtnamienne)
    Bac Thuong

  7. #26
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Ti Ngoc
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    Bàc Lê Van Phu, m'a envoyé sa lettre (lue lors de la cérémonie d'Arles) et a accepté que je la retranscrive ici sur Forum Vietnam.
    Je le remercie vivement de sa gentillesse et de sa confiance.

    " Mr Hervé Schiavetti, maire d'Arles vice président du Conseil général des bouches du Rhône
    Madame Stéphanie Van Mayssen conseiilère municipale, déléguée au devoir de Mémoire et le Conseil Municipal
    Mr Pierre Daum, journaliste autour de l'ouvrage: "immigrés de Force, les Travailleurs Indochinois en France de 1939 à 1952.

    Au nom de tous mes compatriotes O N S venus en France pendant la 2 ème guerre mondiale et en particulier ceux de la 25ème Compagnie et de la 41ème compagnie des Travailleurs Indochinois qui ont travaillé dans la culture du riz et dans les Salines de la Région Camargaise;

    Je remercie très sincèrement de tout mon coeur les autorités de la ville d'Arles d'avoir l'initiative d'organiser cette rencontre historique et mémoriale:
    HOMMAGE RENDU AUX TRAVAILLEURS INDOCHINOIS:
    ces derniers recrutés de force sont venus en France durant la 2 e guerre mondiale pour des travaux logistiques remplaçant les jeunes français au front.

    Je remercie aussi Mr Pierre Daum, auteur de l'ouvrage sans fatigue et dynamique qui a mis beaucoup de temps, de peine et de patience, pour contacter, rencontrer, questionner non seulement les vietnamiens résidant en France, mais aussi au Vietnam, dont certains vivent dans des régions reculés à travers sentiers e, champs, monts et montagnes, pour enfin donner à son ouvrage, une certaine valeur qui reflète bien la réalité sur la situation des Travailleurs Indochinois dans le temps.

    Arrivés à Arles vers le milieu de l'année 1942, nous faisions partie de la 25ème Cie dont le bureau se situait dans la rue des Arênes, et nous y sommes restés jusqu'à la libération de la ville.

    A part la culture du riz, nous avons travaillé dans les vignes, notre ennemi n'était pas seulement les moustiques, les arabis qui piquent et qui entrent partout dans le nez et dans les oreilles, mais aussi la faim qui ronge l'estomac durant les mois d'hiver, le manque de vêtement et de chaussure, le manque de dignité personnelle, mais aussi la nostalgie du pays et de la famille qui enserrent nos coeurs meurtris.

    Nous avons vu arriver les troupes allemandes sur leur tank, nous les avions vu aussi quitter la ville en débandade, juchés sur des chevaux, des mulets et même des boeufs, dont la majorité fait prisonniers par les partisans français.

    un petit souvenir de mémoire aussi :
    nous étions pendant le bombardement de la ville d'Arles, par les avion,s américains:
    nous nous sommes formés en équipe pour secourir la population Arlésienne, relever les ruines, sortir les mortset les blessés, jour et nuit sous les ruines des maisons, surtout du côté de la gare d'Arles violemment bombardée, ainsi que le pont à Trenquètaille et tout aux alentours.

    La 1ère fête de L'Indépendance du Vietnam a été organisée au Mas de Vert après les vendanges de 1945 avec un millier de participants de l'ONS dont une centaine de personnalités de la ville d'Arles et des alentours.

    Excusez moi, je n'ose pas vous faire du temps à cette journée mémorable, j'arrête ici tout en faisant une remarque:

    Si l'ouvrage de Pierre Daum était sorti 15 ans avant c'est à dire dans les années 1994/1995, il aurait pu jouer un rôle non négligeable sur les revendications pour les retraites complémentaires : l'IRCANTEC pendant 8 ans de la MOI et seulement pour 600 personnes vivant encore au Vietnam en période sus citée.
    Le gouvernement français continue à refuser et que les vietnamiens vivant en France ont eu ce privilège.
    (voici leur revendication que je garde comme souvenir)

    Arles ville d'Art , cité romaine, de thé^tre antique et de magnifiques arêns mais aussi rustique, rizicole avec des milliers d'hectares de plantation de riz.
    Nous, Vietnamiens de France, pouvons nous nous imaginer qu'un jour , la ville d'Arles soit jumelée avec une ville du Vietnam, le pays ravagé par 30 ans de guerre, de libération nationale se relève doucement et occupe actuellement le 2ème pays d'exportation de riz du monde avec ses 6 millions de tonnes cette année, et pour ainsi enrichir les relations culturelles, scientifiques et agricoles, serrer les liens d'amitiés existant de longues années entre le peuple français et le peuple Vietnamiens.

    Merci de votre attention
    LÊ VAN PHU 10/12/09






  8. #27
    Apprenti Viêt Avatar de zaoky
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    novembre 2006
    Localisation
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    Par défaut

    j'étais là, j'ai tout entendu.

    En relisant ces textes de nos anciens, je ne peux que constater encore l'extrême force et la grande dignité qui émane de la variété de leurs interventions. Une belle leçon

  9. #28
    Apprenti Viêt Avatar de zaoky
    Date d'inscription
    novembre 2006
    Localisation
    Lyon
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    53

    Par défaut L'intervention poétique de TRAN VAN TRINH

    La mer, ô la mer , pourquoi es tu si vaste ?
    Tu me sépares du sol de mon pays natal.

    La guerre

    C’est la guerre qui m’a conduit si loin des miens
    Quand le soleil se couche, les loriots gagnent leur nid
    Le vent souffle et soupire à travers les monts
    Mes yeux s’usaient à regarder vers ma patrie
    Mais comment revoir le toit familial
    Lentement les mois et les années s’écoulaient
    Les jours devenaient brefs mais allongeaient ma tristesse
    Ainsi serai je peiné par mon chagrin.
    Si seulement le vent du Sud connaissait mes pensées
    Il emporterait mes rêves jusqu’à mon cher pays natal.

    LE SOUVENIR DU PASSE

    L’année traînait en longueur
    Les jours s’étiraient les uns après les autres comme des vieux élastiques éventés, sans ressort et sans rebondissement
    Et je consacrais mes journées à repenser aux bons et mauvais souvenirs que j’avais connus
    Et je ne voulais pas perdre mes habitudes d’adolescent même si mon adolescence était, maintenant terriblement lointaine !J’ai passé des nuits d’insomnies, des journées de rêveries durant lesquelles mon cœur battait au rythme des souvenirs des meilleurs jours.
    Je garderai le souvenir de mon pays aussi longtemps que je vivrai.

    LA NOSTALGIE

    La lune qui inondait les alentours de sa clarté
    Quel paysage ne porte en lui sa mélancolie
    Humer le parfum du printemps, savourer l’arôme du thé
    Hélas, mon cœur est plein de la nostalgie de la terre natale, c’est la terre de ma patrie que j’ai toujours aimée.
    Oui, je rêvais, d’un lendemain toujours plus beau que la veille
    Et parfois, j’ai l’impression que quelque chose dans ce sol, dans ces roches et ces bois , fait partie de ma chair, de mon sang et j’espère d’être heureux de les revoir
    Car mon amour envers mon pays est indéracinable.
    Hélas, aujourd’hui, c’est la France que j’ai choisie pour vivre et mourir.


  10. #29
    Avatar de thuong19
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    septembre 2007
    Localisation
    Corrèze
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    4 422

    Par défaut encore des photos,

    Mercredi soir après la conférence débat, nous serons plus de 130 à nous sustenter au restaurant Siècle d'Or.
    Formule "buffet à volonté", c'est un restaurant chinois et non viêtnamien.
    Ceux qui passent à Arles, le détour vaut le coup.


    Jeudi était le grand jour de la remise des médailles aux Anciens travailleurs Indochinois présents pour cette commémoration dans la mairie d'Arles.
    intervention du Maire:Mr Schiavetti



    ...de Gilles Manceron, historien , vice président de la Ligue des Droits de L'homme.



    ...de P Daum qu'on ne présente plus.


    la remise des médailles :ici, Nguyen Trong Hoan




    la photo de groupe .


    Après la collation en Mairie, on se séparera après avoir déjeuné au Restaurant Atrium.
    Richard Trinh fera le discours posté plus haut par Ti Ngoc.


  11. #30
    Le Việt Nam est fier de toi Avatar de Ti Ngoc
    Date d'inscription
    décembre 2007
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    6 121

    Par défaut

    [quote=thuong19;97287]
    la photo de groupe .


    Bàc Lê Van Phu, dont j'ai retranscrit la lettre du jour de la commémoration, est la troisième personne assise en partant de la droite sur la photo (en fait c'est la personne assise au centre)
    merci anh Thuong d'avoir posté toutes ces photos.
    merci Zaoky.
    Dernière modification par Ti Ngoc ; 20/12/2009 à 20h34.


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